La Chine s'est éveillée, comment en profiter ?

Publié le 09/12/2008 - Philippe Maupas
Fonds actions Chine, fonds infrastructures, fonds émergents globaux

4ème économie au monde en termes de PIB en 2007 d'après les statistiques du FMI, la Chine a parcouru un chemin considérable depuis le retour au pouvoir de Deng Xiaoping en 1977 (on lira ici l'interview de Claude Chancel, spécialiste de l'Asie, qui donne une vue d'ensemble remarquable de l'empire du milieu).

Un atelier et un marché

C'est tout d'abord le pays le plus peuplé au monde, avec une population d'un milliard 400 millions de personnes. C'est également une classe moyenne désireuse de consommer représentant environ 400 millions de personnes.

La balance du commerce extérieur du pays est excédentaire depuis 1993 et les réserves de change s'accumulent pour atteindre le montant record de près de 2000 milliards de dollars. La Chine est membre de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) depuis 2001.

La croissance du pays s'est située au-delà de 7% par an tous les ans depuis 1991. Elle a été supérieure à 11% en 2006 et 2007 et décélère en 2008, le FMI attendant une croissance de 9.7% dans son World Economic Outlook de novembre 2008 (et de 8,5% en 2009).

Elle est devenue l'atelier du monde, attirant des investissements directs de l'étranger considérables, et participant à la désindustrialisation des Etats-Unis, du Japon et de l'Europe, en raison notamment de coûts salariaux très faibles.

C'est de surcroît un marché énorme pour les biens d'équipement de tout genre : automobile, transport ferroviaire, aérien et naval, chimie etc. C'est enfin un pays avec des besoins d'infrastructures gigantesques.

Est-ce pour autant un thème d'investissement à intégrer à vos portefeuilles ?

Un pays émergent, donc un investissement risqué

On a eu tendance à oublier entre 2003 et 2007 qu'investir dans les pays émergents était un exercice généralement plus risqué que d'investir dans les économies dites développées. La hausse des marchés émergents a en effet été à la fois spectaculaire et relativement peu volatile, comme le montre le graphique ci-dessous, comparant la moyenne de la catégorie Quantalys Actions zone euro à la moyenne de la catégorie Actions Pays Emergents Monde.

La volatilité annualisée de cette dernière catégorie sur la période s'est élevée à 16,23% (contre 12,66% pour les actions zone euro), un niveau historiquement proche de la volatilité des marchés dits développés. Quant à la performance, elle a été de 27,66% en annualisé sur la période, un niveau anormalement élevé.

Le retournement de tendance a été brutal entre fin septembre 2007 et fin novembre 2008, puisque la volatilité de la catégorie Actions Pays Emergents Monde s'est élevée à 33%, contre 26% pour celle de la catégorie Actions zone euro. La performance annualisée est également en berne, à -45% pour les émergents contre -36% pour la zone euro.

Pourquoi les marchés émergents sont-ils plus risqués que les marchés dits développés ? Pour des raisons de flux : la hausse continue a attiré énormément de capitaux étrangers, qui se sont retirés rapidement au fur et à mesure du développement de la crise financière. Pour des raisons de composition du marché : les valeurs liées aux matières premières pèsent de façon disproportionnée dans la plupart des indices émergents, et l'explosion de la bulle des matières premières a porté un coup très sévère à ces indices. Pour des raisons de gouvernance : l'organisation et la régulation de certains places boursières émergentes sont perfectibles.

Quel poids pour la Chine dans un portefeuille et comment s'y exposer ?

Le poids des marchés émergents est limité à 8% dans la plus offensive de nos 20 allocations d'actifs. Par principe, nous favorisons les fonds exposés à la totalité de la zone émergente, qui comprend l'Amérique Latine, l'Europe et l'Asie. Pourquoi cette préférence ? Parce que toute spécialisation géographique implique un risque accru qu'il ne nous semble pas souhaitable de prendre.

Si vous avez néanmoins des convictions très fortes sur la Chine, vous pouvez bien entendu vous exposer à ce marché de différentes manières, la plus directe étant d'investir dans des fonds Actions Chine (ou Grande Chine, la zone d'investissement étant alors étendue aux valeurs cotées à Taiwan et à Singapour).

Parmi les fonds Actions Chine, on pourra s'intéresser à Fidelity China Focus Fund, géré par Martha Wang à Hong Kong. Ce fonds est référencé dans les contrats d'assurance vie Altaprofits Vie, e-novline, Fidelity Vie, LinXea Evolution, LinXea Vie, LinxeAvenir, Multiplus Web et Questassur Vie.

On pourra également s'intéresser à Baring Hong Kong China Fund,un poids lourd de la catégorie avec environ 2 milliards d'euros d'encours au 31 octobre 2008. Ce fonds est référencé dans Gaipare Selectissimo, Altaprofits Vie, Hedios Vie, Kléber Amplitude, AbiVie, Multiplus Web et LinXea Evolution.

On peut bien entendu également s'exposer à la zone via un fonds indiciel, comme un ETF. Le Lyxor ETF China Enterprise (HSCEI), répliquant l'indice Hang Seng China Enterprises (composé des principales valeurs chinoises dites « H-shares ». Ce type d’action regroupe les actions d’entreprises chinoises immatriculées dans la république populaire de Chine et désignées par le gouvernement chinois en vue de leur cotation sur la Bourse de Hong Kong) est en outre éligible au P.E.A. Ses frais de gestion sont de 0,65% et il peut s'acheter en bourse. Il n'est référencé dans aucun des contrats d'assurance vie de la base de données Quantalys.

On pourra également s'exposer à la Chine via la thématique des infrastructures. Géré depuis Hong Kong par Maggie Lee et C. Sambhshivan, le fonds Invesco Asia Infrastructure investit en valeurs mobilières asiatiques d’émetteurs exerçant principalement des activités relatives aux infrastructures (industrie, télécommunications et services aux collectivités représentent 63% du portefeuille à fin octobre 2008). Lancé en mars 2006, sa performance a été très satisfaisante jusqu'en octobre 2007, avant de s'orienter à la baisse comme tous les marchés actions. Sa (courte) performance passée n'est pas un critère de choix : si vous croyez à la thématique boursière des valeurs liées aux infrastructures (attention, c'est un investissement de long terme), ce véhicule est approprié. Il investit sur la totalité de la zone Asie hors Japon et était exposé, à fin octobre 2008, à 49% au monde chinois (via les valeurs cotées à Hong Kong, en Chine, à Taiwan et à Singapour). Ce fonds est accessible dans les contrats d'assurance vie Altaprofits Vie, Kapital-Direct, mes-placementsVie, Kléber Amplitude, Sicavonline Vie Evolution, AbiVie, monabanq. vie Premium et LinXea Evolution.

Dernière façon de s'exposer, et c'est celle que nous préférons, les fonds Actions Pays Emergents Monde. Vous déléguez au gérant le choix et la pondération des classes d'actifs. Il est à peu près certain que le fonds sera partiellement exposé au marché chinois, mais il sera également exposé à d'autres zones géographiques, et cette diversification tend à réduire le risque du portefeuille.

Deux excellents produits pour cela : l'incontournable Magellan. Cogéré chez Comgest par Vincent Strauss et Wojciech Stanislawski, Magellan est un fonds prudent, qui monte moins que le marché, mais baisse également beaucoup moins que ce dernier. Au 30 septembre, son exposition au monde chinois est limitée à 6,8% (Hong Kong 6% et Singapour 0,8%). Et le très peu volatil HDF Emerging Markets Equity, géré par HDF Finance, un spécialiste de la multigestion alternative. Attention, ce fonds n'offre pas une liquidité quotidienne, le préavis est de 10 jours ouvrés pour un montant inférieur à 50000 €. Au 31 octobre 2008, l'Asie représentait 53% de l'exposition du portefeuille du fonds HDF Emerging Markets Equity.

La Chine est très certainement appelée à un avenir radieux, mais la route boursière qui y mène peut ne pas être linéaire. Ne consacrez à ce pays qu'une part raisonnable de votre portefeuille, et préparez-vous à un voyage pouvant être semé d'embûches.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.