Betamax

Publié le 26/08/2010 - Philippe Maupas
Une méthode originale et prometteuse s'appuyant sur une grande variété de classes d'actifs

Fideas Capital est un acteur indépendant du conseil créé en 2005 par Pierre Filippi et Anne Delon, deux professionnels reconnus de la multigestion. Fideas Capital est devenue société de gestion agréée par l'AMF en 2007 et gère au 5 août 2010 264 millions d'actifs dans des OPCVM et des mandats (source société). Fideas Capital est détenue à 80% par Alfina, une société contrôlée par Charles-Henri Filippi, des associés et Weinberg Capital Partners.

Fideas Capital dispose d'une expertise en allocation d'actifs, en gestion diversifiée traditionnelle, en actions internationales (dont les émergents et le Japon), en produits structurés, en ISR, en thématiques liées au développement durable et en infrastructures.

Lancé avec quelques investisseurs ayant pu investir dans une part réservée aux fondateurs il y a un peu plus d'un an, Betamax est un fonds d'allocation diversifié multi classes d'actifs qui vient de lancer 2 nouvelles parts, une part tous souscripteurs (cliquer ici) et une part institutionnelle (cliquer ici).

Gestion

Betamax est géré par Pierre Filippi. Diplômé de Sciences Po, il a débuté sa carrière chez Paribas sur les marchés obligataires puis la titrisation. Au début des années 90, il a fondé et co-dirigé Palmarès, l’une des principales sociétés de multigestion en France. Au sein du groupe Ofivalmo, outre la multigestion, il a dirigé le marketing et créé des offres d’épargne pour les mutuelles partenaires. Il est membre du comité de direction d’Alfina et Président de Fideas Capital.

Stratégie d'investissement

Betamax "vise à obtenir, sur la durée de placement recommandée de 3 ans, la performance la plus élevée avec un objectif de volatilité annualisée de 5% à 9%" (prospectus).

Le fonds n'a donc pas un objectif de performance absolue mais cherche à atteindre "la performance la plus élevée", en utilisant de nombreuses classes d'actifs, parmi lesquelles les actions européennes, américaines (non couvertes ou couvertes du risque de change contre l'euro), des obligations de long terme, toutes classes d'actifs traditionnelles.

Betamax utilise également des classes d'actifs qualifiées de "décorrélantes" (c'est-à-dire dont la corrélation avec l'une des classes d'actifs traditionnelle est faible, ce qui permet, en combinant les 2 classes d'actifs, de réduire le risque du portefeuille) : obligations (voir ici notre analyse récente sur cette classe d'actifs) et actions des pays émergents, immobilier en s'exposant à des actions de sociétés foncières, matières premières (tant en s'exposant au cours des matières premières qu'aux actions des sociétés), devises et volatilité (voir ici notre analyse récente sur la volatilité et notre présentation des produits permettant de s'exposer).

Le fonds pilote très activement son allocation d'actifs, le modèle quantitatif sous-jacent tournant chaque semaine. L'objectif est d'utiliser des classes d'actifs structurellement rentables à moyen terme et présentant une décorrélation avérée. La difficulté de l'exercice est liée à l'instabilité des corrélations des classes d'actifs entre elles : ces corrélations ne sont pas stationnaires et ont parfois la malice d'augmenter significativement quand les marchés baissent, ce qui réduit à néant tout potentiel de réduction du risque.

Betamax s'est fixé certaines limites en terme d'exposition aux classes d'actifs utilisées : s'il n'y en a pas pour les actions, les seules actions européennes peuvent représenter entre 20 et 70% du portefeuille, la part des émergents (obligations + actions) ne peut dépasser 20%, celle de la volatilité 10%, et celle des autres classes d'actifs 40%.

Bien qu'elle s'appuie sur un modèle quantitatif maximisant la variété des risques associés aux classes d’actifs employées, la gestion du fonds est discrétionnaire et c'est bien le gérant qui gère, pas le modèle.

Par ailleurs, le fonds n'a pas vocation à recherche de positions nettes vendeuses sur certaines classes d'actifs : soit il y est exposé, soit il n'y est pas exposé.

Caractéristiques

Betamax est un FCP à valorisation hebdomadaire doté de 3 parts : la part F réservée aux fondateurs sera prochainement fermée aux souscriptions de nouveaux porteurs, la part P accessible à tous les souscripteurs et la part I plus particulièrement destinée aux personnes morales.

Les frais de gestion directe maximum de la part P sont de 1,50%, ceux de la part I de 0,80%. Il s'agit d'un fonds de fonds : les frais de gestion indirecte prélevés par les OPCVM composant le portefeuille sont de 1,50% au maximum. La somme des frais de gestion directe et indirecte donne des frais totaux de gestion fixes maximum de 3% pour la part P et de 2,30% pour la part I.

Pour ces 2 parts, il existe une commission de surperformance de 15% de la performance annuelle supérieure à 7% avec High Water Mark (ce mécanisme consiste à ne pas payer de nouvelle commission de surperformance tant que la VL du fonds n'est pas revenue au-dessus du niveau qu'elle avait quand a été payée la dernière commission de surperformance).

Nous apprécions une telle structure, qui aligne les intérêts de la société de gestion et ceux des porteurs de parts de Betamax : tant le seuil de 7% que la part revenant à la société de gestion (15%) nous semblent corrects (même si le seuil pour Alienor Optimal et pour les parts étant soumises à une commission de surperformance de Convictions Premium est de 10%).

Le montant minimum d'une première souscription est de 1 million d'euros pour la part I, il n'y a pas de minimum pour la part P. Ces 2 parts sont décimalisables en dix millièmes de parts.

Betamax appartient à la catégorie Quantalys Allocation d'actifs Monde Réactive euro, dans laquelle on retrouve des fonds comme Aliénor Optimal, Convictions Premium, R Valor ou Rouvier Valeurs. Vous retrouverez ici une analyse récente de ces fonds.

Notre opinion

Les fonds réactifs, qualifiés parfois de "flexibles", ont le vent en poupe auprès de certains investisseurs, en raison de leur capacité à piloter l'allocation d'actifs à la place de l'investisseur. Betamax joue dans une catégorie relevée, dominée par Carmignac Patrimoine qui, même s'il est nominalement en Allocation d'actifs Monde équilibrée euro, est à nos yeux un fonds flexible.

La stratégie de Betamax s'appuie sur le recours à une large palette de classes d'actifs, sur un modèle quantitatif et sur l'expérience de son gérant. Les résultats de la part F sont tout à fait probants : +14,94% depuis son lancement le 25 juin 2009, +10,40% depuis le début de l'année 2010 (performances au 10/09/2010).

En outre, la part F de Betamax soutient parfaitement la comparaison avec Carmignac Patrimoine, Aliénor Optimal et Convictions Premium, tant depuis son lancement (cliquer ici) que depuis le début de l'année (cliquer ici, performances au 10/09/2010). On ne peut bien entendu évaluer la qualité d'un fonds sur une aussi courte période, mais les débuts sont très encourageants.

On gardera en tête que la part F, qui dispose du plus long historique, est également la moins chargée en frais de gestion (0,5% maxi), et que les parts accessibles au commun des investisseurs sont plus chargées en frais de gestion et auront donc des performances inférieures à celle de la part F.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.