Sortir des sentiers battus : Stelphia Conv. Actions

Publié le 26/08/2010 - Philippe Maupas
Une approche originale des marchés actions d'Europe de l'Est hors Russie par Stelphia Asset Management

Nous poursuivons notre escapade à la découverte de fonds méconnus et de qualité, dans le cadre de notre série intitulée "sortir des sentiers battus".

Stelphia Asset Management est une société de gestion française créée par Etienne Pourny, Président, et Laurent Boudoin, directeur général, en 2000. Détenue majoritairement par ses 2 fondateurs, la société compte aussi parmi ses actionnaires OFI Asset Management et La Banque Postale Asset Management.

Stelphia Asset Management dispose d’une forte expertise en matière obligataire, avec une spécialisation sur l’Europe Centrale et de l’Est, mise en œuvre dans Ofi Stelphia Taux Réels, un fonds investi en obligations d’État à long terme de la zone Euro gérant activement la sensibilité obligataire à partir des taux réels ; dans La Banque Postale Asset Management Obli Convergence Europe, un fonds obligataire investissant dans la dette des nouveaux États membres de l’Union Européenne et des pays candidats ; dans Single Select Platform Stelphia Emerging Europe, un fonds obligataire investissant dans la dette des pays de l’Europe émergente avec un objectif de performance absolue ; et enfin dans Stelphia Convergence Actions, un fonds actions géré quantitativement, investissant dans les valeurs des nouveaux Etats membres de l’Union Européenne.

C’est à Stelphia Convergence Actions que nous allons nous intéresser.

Gestion

Stelphia Convergence Actions est géré par Laurent Boudoin qui, avant de fonder Stelphia Asset Management avec Etienne Pourny, a passé 10 ans dans le groupe JP Morgan.

Stratégie d'investissement

Stelphia Convergence Actions a pour objectif de réaliser une performance supérieure à celle de l’indicateur de référence CECE. Cet indice calculé et publié par la bourse autrichienne est composé de valeurs polonaises (environ 63% de l’indice au 24/08/2010), tchèques (environ 27% de l’indice au 24/08/2010) et hongroises (environ 10% de l’indice au 24/08/2010). La composition de cet indice est accessible ici sur le site de la bourse de Vienne.

La gestion de Stelphia Convergence Actions est discrétionnaire et privilégie une approche quantitative, dérivée de l'approche Value (laquelle consiste à investir dans des valeurs jugées décotées au regard de leurs perspectives, notamment en analysant les ratio cours/actif net, cours/cash flow et en privilégiant les valeurs ayant de faibles ratios).

Une des variantes de l'approche Value consiste à s'intéresser à des actions dont le rendement du dividende est élevé (le rendement du dividende est le rapport entre le dividende payé et le cours de l'action à un instant t). L'approche de Laurent Boudoin prend en outre en compte la réaction de certains titres à la variation de leur rendement.

Le gérant analyse tout d'abord le rendement de l'action, et part du postulat que plus le rendement du titre est élevé, plus la variation d’un point de base (0.01%) du rendement de ce titre (à dividende inchangé) génère une variation faible du prix du titre, et donc moins ce titre est volatil. Ensuite, il s'intéresse au cours de l'action, considérant que plus le cours est faible en valeur absolue, moins ce cours réagit à l’évolution du rendement de l'action.

La sélection de valeurs privilégie donc les titres ayant un couple rendement/prix favorable (c'est-à-dire le rendement le plus élevé possible pour le cours le plus bas possible). Le gérant réduit la position d'un titre en portefeuille quand le couple rendement/prix se dégrade.

Sans surprise, cette approche privilégiant entre autres le rendement conduit à une pondération importante dans certains secteurs comme les télécoms (34% du portefeuille contre 13% dans l'indice de référence au 31 juillet 2010) ou l'industrie (30% du portefeuille contre 11% dans l'indice de référence au 31 juillet 2010). A contrario, le portefeuille est sous-exposé aux banques (12% du portefeuille contre 48% dans l'indice de référence au 31 août 2010), dont la capacité à distribuer des dividendes a été très amoindrie par la crise financière. Vous accédez au dernier reporting de ce fonds en cliquant ici.

Caractéristiques

Ce FCP à valorisation quotidienne créé le 31 mars 2006 est dans la nouvelle catégorie Quantalys Actions Pays Emergents Europe hors Russie (plus de détails sur cette catégorie ici). Sa classification AMF est Actions des pays de la communauté européenne et il est éligible au PEA. Ses actifs au 2 septembre 2010 sont de 7,6 millions d'euros. Il n’existe pour le moment qu’une part I.

Les frais de gestion de cette part sont de 1,60% maximum. La société de gestion perçoit en outre une commission de surperformance de 20% de l’écart positif constaté entre la performance du fonds et celle en euro de son indice de référence (le CECE, voir ci-dessus) sur une base annuelle avec un plafonnement à 1 %TTC de l’actif OPCVM inclus, uniquement en cas de performance positive du fonds. Cette structure de commission de surperformance nous apparaît comme saine, même s’il eût été infiniment préférable que l’indice soit apprécié dividendes réinvestis, ce qui était impossible lors de la création du fonds, l'indice CECE n'existant alors que dans sa version hors dividendes. Maintenant qu'une telle version existe, nous ne saurions trop conseiller de l'utiliser pour le calcul de la commission de surperformance.

Les frais effectivement facturés au cours du dernier exercice clos le 30 octobre 2009 se sont élevés à 3,39% : 1,60% au titre des frais de gestion, 0,87% au titre de la commission de mouvement (facturée et perçue intégralement par le dépositaire, ce qui est un bon point, trop de sociétés de gestion percevant la majeure partie de commissions de mouvement souvent beaucoup trop élevées) et 1,49% au titre de la commission de surperformance.

Le montant minimal de souscription initiale est de 1 part, le fonds n’est pas décimalisable (ce qui veut dire qu'il n’est possible que d'acheter ou de vendre un nombre entier de parts).

Notre opinion

Stelphia Convergence Actions, qui est au 2 septembre 2010 le fonds le plus performant sur 3 ans dans la catégorie Actions Pays Emergents Europe hors Russie, fait partie des options à envisager pour s’exposer aux actions de cette zone, notamment (mais pas seulement) dans le cadre du PEA.

En dépit d’une volatilité beaucoup plus élevée que celles des actions de l’Europe dite développée, les valeurs de cette zone bénéficient en effet d’un effet de rattrapage qui est loin d’être terminé.

L’approche originale utilisée par Laurent Boudoin permet en outre de bénéficier de dividendes élevés (le rendement du portefeuille est de 4,41% à fin août 2010, contre 2,34% pour son indice de référence), pour amortir les baisses parfois très brutales de ces marchés (le fonds a enregistré une performance de -51,99% en 2008, suivi d’un rebond tout aussi brutal que la chute l’avait été de 57,26% l’année suivante).

On gardera en tête que plus un fonds actions Pays Emergents est diversifié, moins sa volatilité est susceptible d'être élevée. A contrario, la concentration des investissements sur une zone (les pays d'Europe de l'est hors Russie) ou sur un seul pays est susceptible de présenter un risque accru.

Sous réserve de l'acceptation du risque présenté par les marchés émergents (qui a beaucoup diminué depuis 10 ans), de l'adhésion à la théorie du rattrapage et à son effet bénéfique sur les valorisations boursières des pays de la zone, de l'acceptation du risque présenté par une zone assez restreinte (la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie et une exposition mineure à quelques plus petits pays), Stelphia Convergence Actions présente un intérêt certain au sein de la poche actions pays émergents d'un portefeuille diversifié.

Stelphia Convergence Actions n'est présent dans aucun des contrats d'assurance référencés par Quantalys.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.