Bilan 2010 pour le contrat AFER

Publié le 12/01/2011 - Philippe Maupas
Rendement du fonds en euro en forte baisse, bonne performance de certaines unités de compte

Toujours très attendus en raison du poids de l'association AFER (plus de 732 891 adhérents et près de 46 milliards d'euros d'encours au 31 décembre 2010), les résultats 2010 du contrat AFER nous semblent révélateurs de la nouvelle donne en matière d'assurance vie, prévisible depuis 2007 : celle d'un environnement de rendements annuels durablement bas et tendanciellement en baisse sur le fonds en euro, placement phare des épargnants français et de son corollaire, la nécessité de réorienter une partie de l'épargne vers les unités de compte pour les assurés en quête de rendements plus élevés, au prix d'un risque accru.

Vous retrouverez ici notre suivi des rendements 2010 des fonds en euro de la base de données Quantalys.

Forte baisse du rendement du fonds en euro

A 3,52%, le rendement 2010 du fonds en euro AFER enregistre une baisse de 0,6 point de pourcentage (soit -14,56%) par rapport au rendement servi en 2009 (4,12%). Si l'association s'est dotée en 2007 de la possibilité d'abonder la provision pour participation aux excédents (PPE), qui permet de mettre en réserve une petite partie du rendement annuel pour le distribuer aux assurés dans les années suivantes, afin de lisser les variations des rendements annuels, elle ne l'a jusque là jamais fait, et distribue donc toujours la totalité de son résultat annuel net de frais de gestion à ses assurés.

Ce taux reflète la taille phénoménale du fonds en euro de l'AFER (près de 40 milliards d'euros au 31/12/2010) et les choix de gestion d'Aviva qui le gère : exposition mesurée aux Etats périphériques de la zone euro (Grèce, Espagne, Portugal), émettant des obligations à des taux d'intérêt supérieurs à ceux des pays "coeurs" comme l'Allemagne, la France, la Belgique ou les Pays-Bas, dont les titres sont très présents dans le portefeuille du fonds en euro ; poche de cash significative (10% des encours) en prévision d'une hausse des taux d'intérêt permettant d'investir ce cash (qui ne rapporte même pas de quoi couvrir les frais de gestion du contrat) dans des obligations plus rémunératrices.

Performance contrastée des unités de compte

Commençons par Dynafer géré par Aviva Investors France : avec une performance annualisée de 2,59% entre le 7 juillet 2004 et le 13 janvier 2011, il fait tout juste mieux que l'EONIA (le taux du marché monétaire au jour le jour) dont le rendement annualisé sur la même période est de 2,29%. Pas brillant quand on connaît l'horizon de placement très long d'un contrat d'assurance vie. Quand on retire les frais de gestion de 0,475%, la performance est très inférieure à celle du fonds en euro. En 2010, Dynafer a connu une hausse de 3,41% mais sa performance de long terme est durablement plombée par sa calamiteuse performance 2008 (-9,25%). Dynafer pèse plus d'un milliard d'euros au 13 janvier 2010.

En allant crescendo en matière de volatilité 3 ans, le fonds suivant est Opensfer, qui cherche à atteindre "la performance la plus élevée en exploitant une diversité de classes d’actifs dans le cadre d’un objectif de volatilité inférieur à 8 %", sur une durée de placement recommandée de 8 ans. Co-géré par LFP et CPR Asset Management, ce fonds a enregistré une performance de 6,93% en 2010, après 12,05% en 2009 et -16,68% en 2008. Depuis son lancement le 12 novembre 2007, le fonds a réalisé une performance cumulée de 0,38% (au 6 janvier 2011), c'est-à-dire une performance négative après prise en compte des frais de gestion du contrat, et par conséquent une performance très inférieure à celle du fonds en euro. En outre, ses performances 2009 et 2010 sont inférieures à celles de la moyenne de sa catégorie (allocation d'actifs monde réactive euro).

Opensfer, co-géré par LFP et CPR Asset Management, est catégorisé en Allocation d'actifs Monde réactive euro et dispose d'une grande flexibilité dans le choix des classes d'actifs pour atteindre "la performance la plus élevée (...) dans le cadre d’un objectif de volatilité inférieur à 8 %" (prospectus du fonds) sur un horizon de 5 ans. Performance correcte en 2010, à 6,93%, après 12,05% en 2009 et -16,68% en 2008. Depuis son lancement (12 novembre 2007), ce fonds est tout juste à l'équilibre mais a respecté son objectif de volatilité (6,95% en annualisé du lancement au 13 janvier 2011).

Afer-Sfer a enregistré en 2010 une infime hausse de 0,99%, contre 5,11% en moyenne pour sa catégorie (allocation d'actifs offensive euro). Il a bien entendu souffert de la médiocre performance des actions françaises en 2010 mais sans doute aussi d'un mauvais choix de valeurs.

Afer-Eurosfer investit en actions de la zone euro et pèse près de l,6 milliard d'euros au 13 janvier 2010. Il est dans la moyenne des fonds de sa catégorie, étant noté 2 étoiles Quantalys à fin décembre 2010. Sans surprise, ce fonds délivre avant frais de gestion (du fonds et du contrat) un résultat très proche de celui de son indice de référence, l'Euro STOXX 50. Résultat : -3,02% en 2010, après +25,02% en 2009 et -42,82% en 2008. Entre le 4 janvier 1999 et le 13 janvier 2011, Afer-Eurosfer a enregistré une performance annualisée de 0,90% (avant frais de gestion du contrat).

Planisfer est le complément géographique d'Afer-Eurosfer, puisqu'il investit en actions des pays développés hors zone euro (65% Etats-Unis, 15% Japon, 10% Royaume-Uni, 5% Suisse et 5% Asie hors Japon. Ses encours sont peu élevés (480 millions d'euros au 13 janvier 2011) alors que sa performance 2010 s'est élevée à 23,92%, après +26% en 2009 et -32,27% en 2008). Depuis sa création (du 7juillet 2004 au 13 janvier 2011), sa performance annualisée s'est élevée à 3,87% (c'est-à-dire moins que le fonds en euro).

Des unités de compte moyennes mais peu chargées en frais

Rien d'exceptionnel dans la performance des unités de compte du contrat AFER. Du solide, généralement en ligne avec la moyenne de leur catégorie. En revanche, pas grand chose à redire au niveau de frais de gestion des fonds : 0,6% au plus, c'est un niveau serré, qui permet, même en tenant compte des frais de gestion du contrat (0,475% prélevés sous forme de réduction du nombre d'unités de compte), d'avoir une gestion très bon marché à défaut de donner accès à de nombreux fonds et aux stars du marché.

Une analyse des frais totaux réellement facturés aux fonds montre néanmoins un niveau plus élevé de frais totaux pour les 3 fonds pouvant investir en fonds (alors que les autres investissent en titres en direct), en raison des frais supplémentaires encourus au titre de l'investissement dans d'autres fonds : Dynafer, Opensfer et Planisfer (chiffres tirés de la partie B du prospectus de chacun des fonds pour l'exercice clôturé au 30 septembre 2009 disponible sur le site de l'AMF le 15 janvier 2011).

Une nouvelle unité de compte, ID-Afer

Nous avons déjà présenté cette nouvelle unité de compte, dont nous n'attendons pas des performances exceptionnelles (voir notre analyse ici).

ID-Afer est accessible dans le contrat AFER depuis le début de l'année 2011 et ses encours encore confidentiels en début d'année (environ 800 000 euros au 13 janvier 2011) ont commencé à croître, puisqu'ils sont proches de 23 millions d'euros au 23 février 2011.

Où sont les émergents ?

Le principal contrat d'assurance vie en France ne donne accès au potentiel (et au risque) des marchés d'actions des pays dits émergents que dans Opensfer, dans la limite de 30% de l'actif.

Il nous semblerait utile de permettre aux assurés AFER de choisir de s'exposer volontairement à ces pays indispensables dans une allocation d'actifs exposée aux actions : soit en étendant l'univers d'investissement de Planisfer aux marchés émergents à hauteur d'au moins 15%, soit en créant une nouvelle unité de compte flexible (c'est-à-dire pouvant réduire son exposition aux actions à 0 en cas d'anticipations négatives sur cette classe d'actifs), dont la poche actions serait exposée aux marchés émergents, sur le modèle de LFP Monde Emergent, Reactis Emerging ou Dorval Flexible Emergents.

A mettre à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale ?

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.