Opensfer, le nouveau fonds du contrat AFER

Publié le 16/11/2007 - Philippe Maupas
L'AFER introduit Opensfer, une nouvelle unité de compte, dans son contrat multisupport

Le contrat phare évolue de l'association AFER s'est récemment enrichi d'une nouvelle unité de compte, Opensfer. En voici une description pour les 660000 Adhérents de l'association, dont l'épargne représentait près de 38 milliards d'euros au 31 décembre 2006.

Opensfer est un OPCVM diversifié au sens de l'AMF qui régule les gestionnaires d'actif. Il s'agit d'un fonds commun de placement de droit français, dont la société de gestion est Aviva Gestion d'actifs, filiale du coassureur du contrat AFER, la socitété Aviva. Mais la gestion financière effective du fonds a été déléguée à deux sociétés de gestion après un appel d'offres, CPR Asset Management et La Française des Placements Investissements.

Filiale du groupe Crédit Agricole, CPR Asset Management est un gérant d'actifs ayant développé une forte expertise en gestion quantitative, en allocation d'actifs et en multigestion (technique consistant à sélectionner des gérants externes et à investir dans leurs fonds pour construire un portefeuille de plusieurs gérants). La Française des Placements Investissements est une société de gestion entrepreneuriale fondée par Alain Wicker, spécialiste de la "gestion dissymétrique", qui vise à préserver de façon relative le capital dans les phases de baisse des marchés tout en profitant des hausses.

Selon son prospectus, Opensfer vise "à obtenir sur la durée de placement recommandée de 5 ans, la performance la plus élevée en exploitant une diversité de classes d'actifs dans le cadre d'un objectif de volatilité inférieur à 8 %". Le fonds a une stratégie de gestion discrétionnaire et ne recherche pas à se comparer à un indice de référence : notez son objectif d'une volatilité inférieure à 8%. Pour mémoire, la volatilité des marchés actions va de 14 à 20% pour les marchés développés et peut aller jusqu'à 30% pour les marchés émergents. Le fonds recherche par conséquent un profil de risque stable pour éviter les à-coups des marchés actions.

Le fonds est multigestionnaire : il investit en OPCVM (d'autres fonds) à hauteur de 50% minimum de son actif net. L'AFER recherche dorénavant les meilleurs spécialistes par marché, alors qu'elle avait jusque là confié à Aviva gestion d'actifs la gestion directe des 4 précédentes unités de compte du contrat.

Son exposition aux marchés d'actions pourra varier entre 0 et 100% de l'actif net : contrairement à Afer Eurosfer ou à Planisfer, qui sont exposés pour le premier à 100% aux grandes valeurs de la zone euro et pour le second à 100% aux grandes valeurs mondiales hors zone euro, et donc baissent quand les marchés sur lesquels ils investissent baissent, Opensfer pourra ne pas être exposé aux marchés d'actions quand les gérants jugeront que ceux-ci risquent de baisser. Le danger est bien entendu de faire une erreur de pronostic : rester investi en actions quand les marchés baissent, et ne pas être investi quand les marchés actions montent. D'où le recours à deux sociétés spécialistes de l'allocation d'actifs, à savoir le choix des grandes classes d'actifs dans lesquelles investir et surtout du timing de l'investissement.

Si l'exposition au risque actions peut varier de 0 à 100%, on peut en déduire que l'exposition aux produits monétaires et de taux pourra également varier entre ces deux fourchettes : le prospectus se contente de préciser que la fourchette de sensibilité taux sera comprise entre 0 et 10. Une sensibilité de 0 indique que la part du portefeuille investie en produits de taux est immunisée en cas de remontée des taux et ne profitera pas d'une baisse des taux. Une sensibilité de 10 indique que le portefeuille taux est investi sur des titres de maturité longue, et perdra 10% de sa valeur en cas de hausse des taux de 1% ou, à l'inverse, gagnera 10% en valeur en cas de baisse des taux de 1%. A l'instar de l'exposition aux marchés actions, les gestionnaires pourront donc remodeler le portefeuille obligataire en fonction de leurs anticipations en matière de taux d'intérêt.

Alors que la crise des subprimes a montré que des actifs notés AAA pouvaient être dégradés et perdre la quasi totalité de leur valeur, il est intéressant de regarder les limites statutaires du fonds pour certains actifs à risque : pas plus de 20% d'obligations à haut rendement, pas plus de 30% d'actions des pays émergents, pas plus de 20% d'actions de sociétés et d'instruments financiers sensibles à l'évolution des prix des matières premières, et pas plus de 20% d'actions de sociétés et d'instruments financiers sensibles à l'évolution des prix des actifs immobiliers. Ce qui veut dire que le fonds s'autorise à investir sur ces différentes classes d'actifs, qui ont vocation à apporter un surcroît de performance au fonds, mais au prix d'un risque pouvant être plus élevé que celui du marché obligataire et des marchés actions des pays développées (voir notre récente analyse sur les risques des fonds sectoriels ici).

Pour limiter la volatilité et la Value At Risk (VAR), le fonds mettra en oeuvre des techniques de couverture via des contrats à terme, des options, des swaps, des caps et des floors, dans la limite d'une fois son actif. Derrière ces noms se cachent des produits permettant de s'exposer à un marché, pour parier soit sur une hausse (par exemple en achetant un contrat future ou un call), soit sur une baisse (par exemple en vendant un contrat future ou en achetant un put).

Le fonds s'engage à utiliser "exclusivement des instruments financiers à terme simples, dont l'engagement résultant peut être évalué par la méthode de l'approximation linéaire". En d'autres termes, le fonds ne pourra investir dans des produits dérivés exotiques à valorisation aléatoire dont les acronymes sont devenus célèbres avec la crise du subprime : ABS, CDO, CMBS, RMBS, etc.

L'objectif de VAR d'Opensfer est de 4% : il s'agit du niveau de la perte maximum sur un mois dans 95% des cas. Si, dans 95% des cas, l'objectif est que la perte mensuelle du fonds soit inférieure à 4%, cela signifie que dans 5% des cas elle pourra être supérieure à 4%, sans limite. Même si aucune des autres unités de compte du contrat n'a d'objectif de VAR, nous avons fait le calcul du pourcentage de mois ayant enregistré une perte supérieure à 4% pour 3 d'entre elles, depuis leur création. Afer Eurosfer : 15,24% des cas ; Afer Sfer : 5,71% des cas ; Planisfer : 2,56% des cas (ce dernier fonds est plus récent et n'a quasiment connu que des marchés actions haussiers).

Le fonds ne garantit aucun résultat et les facteurs de risque sont multiples : risque actions et de marché au titre de son exposition aux marchés d'actions, risque de perte en capital, risque de taux au titre de son exposition aux marchés obligataires, risque de crédit au titre de son exposition aux obligations du secteur privé, risque de gestion discrétionnaire (il est très difficile de prévoir les évolutions des grandes classes d'actifs), risque d'investissement dans les pays émergents, risques sectoriels.

Les frais de fonctionnement et de gestion s'élèvent à 0,6% TTC (maxi) de l'actif net, compte non tenu d'autres frais, dont ceux liés aux investissements dans d'autres OPCVM. Si l'on regarde le détail des frais du fonds CPR Croissance Réactive, qui présente quelques similarités avec Opensfer et a pour société de gestion CPR Asset Management, on constate que le coût induit par l'investissement dans d'autres OPCVM ou fonds d'investissement s'est élevé à 1,01% de l'actif net au 30.06.2006. On peut donc imaginer pour Opensfer un niveau à peu près équivalent, soit des frais totaux qui pourraient être supérieurs à 1,6% de l'actif, un niveau beaucoup plus élevé que celui constaté pour les 4 autres unités de compte (0,39% pour Afer Eurosfer, 0,81% pour Planisfer, dont 0,56% au titre des investissements dans d'autres OPCVM ou fonds d'investissement, 0,32% pour Afer Sfer et 0,59% pour Dynafer, dont 0,31% au titre des investissements dans d'autres OPCVM ou fonds d'investissement, toutes ces données arrêtées au 29.06.2006 et disponibles dans les derniers prospectus des fonds).

C'est sans doute le prix à payer pour se doter d'un véhicule comme Opensfer, prometteur dans sa conception, mais qui devra faire ses preuves sur la durée. Opensfer appartient à la catégorie Quantalys Allocation d'actifs Monde Réactive, dont la liste est accessible ici.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.