#Coronavirus : Quelles stratégies face au krach boursier ?

Publié le 19/03/2020 - Jean-François Bay
Vous le savez, le krach que nous vivons actuellement est unique dans l’histoire économique par sa violence (près de 40% de baisse en 1 mois sur la catégorie Actions Europe) , par sa rapidité , par son impact sur tous les marchés (actions, taux, crédit, devises, matières premières…) , par son ampleur au niveau mondial sur tous les secteurs (tourisme, énergie, luxe…) et enfin par son caractère nécessairement durable (le temps que l’épidémie se calme, soit plusieurs semaines a priori).

Beaucoup de conseillers et d’investisseurs se demandent donc quelle est la marche à suivre face à ce cataclysme économique et financier. Afin d’avoir un début de réponse, il convient de souligner qu’après une telle baisse aussi rapide, une gestion tactique dite de « market timing » est quasiment impossible et seule une diversification stratégique d’un portefeuille peut permettre de limiter les dégâts. Cette diversification à court terme (performance des actifs refuges comme les Taux souverains ou l’Or) est toute relative à moyen terme car , pour compenser leurs pertes, beaucoup d’acteurs ont tendance ensuite à vendre aussi les actifs refuges (baisse de l’Or, hausse des taux…). Par ailleurs, face aux mesures de soutien massives à l’économie et face à la hausse du niveau d’endettement partout dans le monde, les opérateurs anticipent maintenant une hausse des taux souverains, avec des performances négatives à la fois sur les actifs risqués (actions, pétrole…) et sur les actifs refuges (taux, or…) limitant ainsi les effets de la diversification.

Autre point : Après cette baisse de -40%, les marchés actions sont revenus sur des niveaux historiquement bas (proches des points bas de 2012) avec beaucoup de secteurs et de valeurs qui retouchent même les points bas de 2008.

Certains gérants optimistes considèrent donc que le plus gros de la baisse est passée et parlent déjà de reprise boursière. François-Xavier Chauchat, économiste chez DORVAL AM, nous expliquent qu’ils privilégient aujourd’hui le scénario d’une courbe en J pour l’économie mondiale et d’une courbe en V pour les marchés financiers « le choc du coronavirus semble en voie de résolution en Chine et qu’elle est maintenant gérable dans les grands pays développés ».

D’autres restent globalement optimistes à moyen terme mais sont prudents à court terme. Ainsi, Frédéric Rollin, Conseiller en stratégie d’investissement chez PICTET, reste défensif : « Les mesures sanitaires sont encore insuffisantes pour se faire une idée claire de l’étendue et de la durée de la pandémie. Les projections économiques sont en conséquence trop incertaines et la volatilité règne en maître. Toutefois, les décisions prises par de nombreux Etats sont fortes et vont dans le bon sens. De plus, nous pensons que les banques centrales, la Réserve fédérale en particulier, en ont encore sous le pied. Le temps de revenir sur les marchés n’est peut-être pas loin. »

D’autres experts sont dans une attitude plus défensive encore. François Duhen, Directeur Recherche Globale au CIC Market Solutions considérait mardi 17 mars au soir que « Les Etats ne savent pas plus que nous quand le coronavirus sera enrayé, mais ils prennent de manière accélérée des mesures visant à assurer que le rebond des économies pourra se produire une fois que ceci se produira. Cela ne suffit toujours pas pour être sûr que le point bas des actifs risqués est atteint, car personne ne peut anticiper l’ampleur du creux conjoncturel qui se déroule (d’autant que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou les Pays-Bas n’ont toujours pas pris les mesures sanitaires suffisantes), mais les garde-fous qui s’accumulent crédibilisent pas à pas le fait que les économies vont tenir le choc, à la fin ».

Après l’Asie et l’Europe, la pandémie touche maintenant l’Amérique. Rappelons que la Chine et les USA représentent à eux deux plus de 50% de la production industrielle mondiale contre environ 1% pour un pays comme la France !

Enfin, plusieurs gérants considèrent que nous sommes rentrés en territoire inconnu et pensent qu’après le risque financier, il faut maintenant se soucier du risque de liquidité de ses portefeuilles. Dans sa dernière lettre, La Française AM explique que : « Les gouvernements et les citoyens occidentaux sont clairement entrés en territoire inconnu…. Les marchés financiers encaissent un choc à la hauteur des incertitudes économiques actuelles. L’économie sera quasiment à l’arrêt pendant des semaines et les impacts sur la croissance, sur les ménages et sur les entreprises sont extrêmement difficiles à estimer. les marchés se préoccupent également du risque de liquidité, qui peut parfois être plus dangereux que le risque économique lui-même. La combinaison de ces deux risques implique une visibilité très faible sur les marchés financiers, quelles que soient les classes d’actifs considérées. »

Chaque situation patrimoniale est différente et c’est justement à chaque conseiller financier ou chaque investisseur en direct de veiller à ce que les grands équilibres patrimoniaux soient respectés afin de pouvoir faire face aux différents objectifs et contraintes : contraintes de liquidités à court terme en ayant des produits liquides sûrs (Livret A, dépôts à vue, PEL…), des produits liquides mais plus risqués pour le moyen terme (assurance-vie, épargne salcalibrie…) et des produits illiquides uniquement pour des objectifs longs (retraite, dépendance…). Être obligé de vendre un produit illiquide ou de déboucler une opération initialement de long terme par souci de liquidité dans ces conditions de marché, avec les frais de sortie et les coûts correspondants, serait très pénalisant !

Les outils Quantalys vous permettent de vous assurer que ces équilibres sont bien respectés, de suivre en temps réel au jour le jour les impacts des mouvements financiers sur les portefeuilles de vos clients et, si besoin, de préparer des arbitrages.

Heureusement, en moyenne, comme l’illustre le graphique ci-dessous, les français sont des fourmis qui ont épargné énormément de capitaux sur des produits liquides, qui ont investi dans des actifs tangibles comme l’immobilier et qui ont donc une structure de patrimoine assez prudente en moyenne et moins impactée par un krack boursier que nos compatriotes américains ou anglais.

Nous ne manquerons pas de vous tenir informé sur l’évolution de la situation et de vous communiquer régulièrement des analyses que nous jugeons pertinentes dans ce contexte.

Bon courage et portez-vous bien !

Evolution de l’épargne liquide placée par les ménages français (numéraire, dépôts à vue, livrets…) hors assurance-vie (source : BDF | Quantalys | Calculs en euro arrêtés à fin 2019)

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.