Selon ce rapport, quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique vont s'accélérer et devenir douloureusement palpables bien avant 2050. Ce document oscille entre un ton apocalyptique et espoir de changer par des mesures immédiates et drastiques. C’est dans ce contexte que l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentuel et de Résolution) a publié le 4 juin 2021 une première évaluation des risques financiers dus au changement climatique [1].
1. Une forte mobilisation du secteur autour de l’exercice de l’ACPR est déjà une première victoire
2. Les résultats de notre enquête
Le risque associé au changement climatique sur les allocations d’actifs stratégiques est pris en compte par la grande majorité des professionnels (85%) dont 25% de manière significative. En revanche, environ 15% des répondants ne prennent pas en compte le changement climatique dans leurs allocations.
Fig. 2 : Q1. Avez-vous pris en compte le changement climatique dans vos allocations stratégiques à horizon 2025 ou 2050 ?
À long terme, selon la majorité des répondants, le changement climatique aurait globalement un impact négatif sur les rendements pour presque toutes les catégories d’actifs. L’impact serait le plus négatif surtout pour les Obligations (selon 71% à 76% des professionnels), ensuite les Actions (67%) et l’Immobilier (57%). Une part non-négligeable des répondants anticipent un impact positif pour les obligations indexées inflation et variables (48% positifs) et l’Or et les matières premières (43% positifs).
Fig 4. Q3. Quels seraient, selon vous, les impacts du changement climatique sur les rendements des zones géographiques ci-dessous ?
Globalement, il est attendu que le changement climatique ait un impact négatif sur plus ou moins pour toutes les zones géographiques. En revanche, l’Amérique du Sud (86%) serait la plus impactée négativement, suivie de l’Afrique (81%), l’Europe du Sud (67%) et l’Asie (50%). Certaines zones seraient peu impactées voire favorisées : L’Europe du Nord (33%) et l’Amérique du Nord (29%).
Fig. 5. Q4. Quels seraient, selon vous, les impacts du changement climatique sur les rendements des secteurs ci-dessous ?
Un consensus général entre l’ACPR et nos répondants est l’impact négatif sur le rendement pour les secteurs sensibles industries extractives (85%), Energies fossiles – Pétrole & Gaz (80%), Chimie (66%), industries manufacturières (61%) et Tourisme (61%).
- REGIONS : les banques et assureurs français sont majoritairement exposés sur les zones géographiques les moins affectées.
- SECTEURS : leur exposition aux secteurs les plus touchés par le risque de transition, tels qu'identifiés dans cet exercice (industries extractives, cokéfaction et raffinage, pétrole, agriculture, etc.), est relativement faible.
- CLASSE D’ACTIFS : Une hypothèse de bilan dynamique s’est montrée particulièrement intéressante pour analyser les stratégies des participants et la réallocation éventuelle (mais pas systématique) de leurs expositions vers des actifs et des secteurs moins affectés par la transition.
- MACRO-ECO : Aucun des scénarios n’induit de récession économique à l’horizon 2050, contrairement aux stress tests habituels, et prévoient plutôt une croissance moindre.
- SCENARIO CENTRAL : Le choix du scénario de stratégie nationale « bas carbone » comme scénario central est une hypothèse forte qui ne fait pas nécessairement consensus.
- STRESS-SCENARIO PLUS MARQUE : On a notamment observé peu de variabilité entre les différents scénarios élaborés ce qui a eu pour conséquence des résultats peu différenciés entre les scénarios
- MODELE D’ALLOCATION : les banques/assurances ont dû utiliser leurs modèles traditionnels sans avoir nécessairement eu le temps de les faire évoluer. Or ces derniers sont calibrés pour prendre en compte des chocs violents sur un horizon de temps court alors que dans le cadre de cet exercice, les chocs sont plus limités mais sur un horizon de temps long.
- ENTREPRISES : A noter cependant que le manque de granularité intra-secteur est assez peu compatible avec notre approche consistant à sélectionner les entreprises les plus avancées dans la gestion des risques climatiques dans l’ensemble des secteurs d’activité, avec notamment une empreinte carbone plus faible.
- CONCLUSION : UN DEBUT : Les résultats de cet exercice inédit de stress test doivent être envisagés comme base d'une démarche globale par laquelle la transition pourra être menée à bien avec succès.
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[1]Laurent Clerc, Anne-Lise Bontemps-Chanel, Sébastien Diot, George Overton, Solène Soares de Albergaria et Maxime Louardi, ACPR, Une première évaluation des risques financiers dus au changement climatique, 2021.