Immobilier, Infrastructure, Private Equity … : le poids des actifs de diversification monte à 15% des allocations chez les assureurs français

Publié le 04/01/2022 - Jean-François Bay
Le contexte de taux bas incite les assureurs à s’orienter davantage vers des actifs de diversification tels que l’immobilier et les titres structurés, qui représentent désormais près de 15% des placements. Enfin, les placements verts, socialement responsables ou solidaires, atteignent près de 5% des placements. Voici les enseignements du dernier Bulletin de la Banque de France paru le 24 décembre 2021 et consacré aux placements des assureurs.

Malgré un contexte marqué par la crise sanitaire, les placements des assureurs établis en France ont augmenté de 39 milliards d’euros en 2020, atteignant 2852 milliards d’euros en fin d’année. Les assureurs français continuent de privilégier les titres de haute qualité. Le contexte de taux bas les incite à s’orienter davantage vers des actifs de diversification tels que l’immobilier et les titres structurés, qui représentent désormais près de 15% des placements. Enfin, les placements verts, socialement responsables ou solidaires, atteignent près de 5% des placements. Voici les enseignements du dernier Bulletin de la Banque de France paru le 24 décembre 2021 et consacré aux placements des assureurs.

Moins de Fonds euro, plus d’Unités de Compte

Même si l’épargne des français a augmenté significativement en 2020, la collecte nette des produits d’assurance a globalement baissé : – 7 milliards d’euros en 2020, contre + 20 milliards en 2019 :

  • +23 milliards d’euros pour les contrats en unités de compte
  • -31 milliards d’euros pour les fonds en euros

Étant donné la composition des portefeuilles associés à ces types de contrats, cela se traduit :

  • +24 milliards d’euros d’acquisitions nettes de parts de fonds
  • - 14 milliards d’euros de ventes nettes de titres de dette

Fin 2020, les placements couvrant les engagements des contrats en unités de compte se montent à 428 milliards d’euros, soit une part croissante des placements des assureurs‑vie et mixtes (16,6%, après 15,8% fin 2019). Les contrats en unités de compte aux capitaux non garantis autorisent une gestion plus active par le biais d’OPC, et des rendements potentiellement supérieurs. Ainsi, avant mise en transparence, ces supports en unités de compte sont investis à 82% en parts d’OPC, comme fin 2019. Après mise en transparence, ces supports sont investis à 32 % en actions (comme fin 2019), auxquels s’ajoutent 16% de parts d’OPC actions étrangers.

Une hausse des actifs reflétant la hausse des marchés

La hausse en encours s’explique également par les évolutions des valorisations du portefeuille titres. Celles‑ci sont influencées par les évolutions des marchés boursiers et obligataires (cf. graphique A en annexe 3), marquées par les fortes incertitudes créées par la crise sanitaire à partir du premier trimestre 2020. Dans l’ensemble, pour l’année 2020, la baisse des taux d’intérêt a accru la valeur du portefeuille des assureurs constitué majoritairement d’obligations à long terme (en 2020, le taux de l’OAT 10 ans a atteint en moyenne annuelle – 0,15%).

Une allocation stable dans l’ensemble

La nature des engagements, notamment les contrats en euros des assureurs‑vie qui se caractérisent par un rendement garanti et un capital disponible à tout moment, conditionne la nature des placements. Les assureurs doivent détenir des actifs suffisamment sûrs et liquides pour disposer de fonds disponibles rapidement. Ainsi, leur allocation d’actifs est restée globalement très stable d’année en année.

Les obligations, prépondérantes dans les actifs des assureurs, représentent 57% des allocations, dont 30% d’obligations du secteur financier. Après mise en transparence des parts d’OPC, la première place du secteur financier est renforcée (à 37%, après 38% fin 2019). Le poids relatif des sociétés non financières (23%, après 22%) est renforcé de 8 points de pourcentage, dans des proportions proches de celui du secteur financier (+ 6 points), signe que les OPC privilégient ces secteurs pour leurs placements.

Entre fin 2019 et fin 2020, la composition de l’encours de parts d’OPC est passée de 28% à 29% : la proportion est inchangée pour les OPC monétaires (11%), les OPC obligations (18%) et les OPC immobilier (12%).



 

Un rendement en baisse continue sur les fonds euros

Le rendement moyen du portefeuille obligataire des assureurs (taux de coupon moyen pondéré par les encours) décroît de 0,2% en moyenne chaque année depuis 2016. Il s’établit à 2,5% en 2020. Conséquence de cette baisse tendancielle des revenus obligataires, les assureurs ont tendance à augmenter la maturité résiduelle des titres détenus. Celle‑ci s’établit à 8,2 années en 2020, contre 7,9 en 2019.



 

A la recherche de diversification

Dans un contexte de taux bas, les actifs de diversification, immobilier et titres structurés notamment, permettent aux assureurs de diversifier leurs placements à la fois par nature d’instrument et par secteur. L’encours d’actifs de diversification atteint 420 milliards d’euros fin 2020 et connaît une progression particulièrement dynamique de + 32 milliards sur un an (contre + 39 milliards pour le total de placements) et + 73 milliards sur deux ans. Ces hausses qui intègrent placements nets et effets de valorisation correspondent à des taux de croissance de 8% sur un an et 21% sur deux ans.

Encours en placements de diversification chez les assureurs :

  • Immobilier :                                                           203 milliards d’euros
  • Titrisation & financements structurés :                 113 milliards d’euros
  • Infrastructure :                                                      40 milliards d’euros
  • Fonds alternatifs & Private Equity :                      35 milliards d’euros

En 2020, la part dans le total des placements progresse pour toutes les catégories d’actifs de diversification, aussi bien pour l’immobilier (7,1% fin 2020, après 6,9% fin 2019) que pour le Titrisation & financements structurés (4,0%, après 3,6%) autres actifs de diversification (1,9%, après 1,8%) et l’infrastructure (1,4%, après 1,2%). Sur quatre ans, l’immobilier est l’actif de diversification dont la part dans les placements totaux a le plus progressé (7,1% fin 2020, après 5,3% fin 2016).

Une forte augmentation des placements verts


 

Fin 2020, les assureurs détiennent 133 milliards d’euros de placements verts, socialement responsables ou solidaires, en hausse de 52 milliards par rapport à fin juin 2020 4. Leur part dans le total des placements s’élève à 4,7% fin 2020, après 3,1% fin juin 2020. Fin 2020, les actifs verts, socialement responsables ou solidaires se composent aux deux tiers de fonds labellisés ISR (66%) et presque au tiers d’obligations vertes (31%), les fonds Finansol, Greenfin et multi labellisés représentant à ce jour 3%. Sur deux trimestres, l’encours de fonds au moins labellisés ISR progresse de 44 milliards (+ 96%), dont plus des deux tiers en raison des entrées dans la liste des fonds ISR, dans un contexte porteur créé par la loi Pacte. L’encours d’obligations vertes progresse, lui, de 7 milliards (+ 20%).

Pour télécharger le document complet :

https://publications.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/bulletin-banque-de-france_238-8_placements.pdf

 

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.