iShares lance des ETF à part capitalisée

Publié le 25/11/2009 - Philippe Maupas
Une avancée majeure libérant les investisseurs du réinvestissement des dividendes

Les ETF sont des fonds indiciels cotés en bourse, répliquant la performance de leur indice de référence, appelé sous-jacent. La performance de ce sous-jacent s'entend dividendes ou coupons réinvestis : à chaque paiement de dividende ou de coupon, celui-ci est réinvesti en parts du sous-jacent, au cours du moment où le réinvestissement est effectué. Cette réintégration est fictive dans le cas de l'indice et ne tient évidemment pas compte de frais de transaction. Elle permet de calculer une performance dite en "total return".

En matière de calcul de performance d'un OPCVM, la convention est identique : en cas de distribution d'un dividende ou d'un coupon, on réintègre la distribution dans le cours pour calculer un rendement dividende/coupon réinvesti.

Actuellement, la quasi totalité des ETF distribuent effectivement un dividende ou un coupon aux porteurs de parts : la distribution peut être annuelle ou plus fréquente (trimestrielle par exemple). L'investisseur est libre de faire ce qu'il veut de cette distribution : la réinvestir dans l'ETF, la réinvestir dans un autre support, ne pas la réinvestir et la dépenser.

La magie des intérêts composés

Sur longue durée, réinvestir les dividendes procure un rendement additionnel considérable, par le biais des intérêts composés, dont le graphique ci-dessous illustre le mécanisme et la puissance.

Nous avons simulé l'évolution d'un placement en actions d'un montant initial de 100 rapportant 5% par an en revalorisation brute, et distribuant en début d'année un dividende constant de 2% de la somme initiale (soit un dividende de 2). Ces hypothèses sont simples, il est probable que sur longue période la distribution réelle ne resterait pas constante mais augmenterait, mais elles permettent d'illustrer l'impact des intérêts composés.

Après 10 ans, l'option sans réinvestissement atteint une valorisation de 155, contre 178 pour l'option avec réinvestissement, et au bout de 20 ans, l'option sans réinvestissement atteint une valorisation de 253, contre 317 pour l'option avec réinvestissement. Plus le temps passe, et plus la différence de valorisation croît en faveur de l'option avec réinvestissement.

Pour un investisseur qui n'a pas besoin de consommer le revenu généré par un placement, ni ne souhaite le placer sur un autre produit financier, le réinvestissement des dividendes est donc une option à privilégier : encore faut-il être présent quand le revenu est perçu, pour pouvoir le réinvestir immédiatement. Et dans ce cas, on encourt des frais de transaction qui peuvent être élevés si la somme réinvestie est peu importante, les frais de courtage ayant souvent un minimum.

Des ETF capitalisant les dividendes

iShares vient de lancer 5 ETF capitalisant les dividendes sur 5 indices boursiers larges : iShares MSCI World Acc en Actions Monde (frais de gestion 0,50%), iShares MSCI Europe Acc en Actions Europe (frais de gestion 0,35%), iShares MSCI Japan Acc en Actions Japon (frais de gestion 0,59%) et iShares MSCI S&P 500 Acc en actions Etats-Unis (frais de gestion 0,40%) et iShares MSCI Emerging Markets Acc en Actions Pays Emergents Monde (frais de gestion 0,75%).

Ces ETF couvrent des classes d'actifs de base dans une allocation d'actifs et, comme tout produit indiciel, conviennent à un investisseur ne recherchant pas à battre l'indice, mais seulement à s'y exposer. La version capitalisant les revenus convient à un investisseur n'ayant pas besoin de percevoir un revenu de ce placement, ou ne souhaitant pas réinvestir lui-même ce revenu.

Ces 5 ETF sont gérés en réplication physique, c'est-à-dire que l'ETF détient réellement les titres composant les indices sous-jacents en proportion de leur poids dans l'indice. Enfin, les 5 indices sous-jacents sont des indices pondérés par la capitalisation boursière (voir ici notre analyse des indices fondamentaux, dont la méthode de construction est différente).

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.