Emergents : zoom sur les marchés frontières

Publié le 25/02/2011 - Opportunité
Pourquoi s'exposer aux marchés émergents frontières, d'après Morgan Stanley Investment Management

Dans une étude récente, "Frontier Markets : strong out of the Gates" (document en anglais réservé aux investisseurs professionnels), Timothy Drinkall et James Upton de Morgan Stanley Investment Management présentent les atouts de cet ensemble de marchés émergents absents de l'indice MSCI Emerging Markets (qui comporte à ce jour les 21 pays principaux considérés comme émergents par MSCI), les marchés "frontières" (frontier markets).

MSCI regroupe les pays en 3 catégories : pays développés, pays émergents et pays frontières, en fonction de critères liés au développement économique, à la taille et à la liquidité des marchés boursiers de chaque pays et de leur degré d'ouverture (voir les critères ici, document en anglais).

Il existe des mouvements entre les 3 catégories : Israël est ainsi passé en mai 2010 du groupe pays émergents à celui des pays développés.

Qui sont ces marchés frontières ?

Les marchés frontières englobent un peu plus de 30 pays (la liste exhaustive est en page 2 de l'étude de Morgan Stanley), tant en Europe de l'Est (Roumanie et Ukraine étant les principaux pays de la zone), qu'en Afrique (Nigeria, Tunisie, Kenya notamment), au Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Qatar, Koweit notamment), en Asie (Pakistan, Kazakhstan notamment), en Amérique Latine (Argentine notamment) et dans les Caraïbes.

Les auteurs notent que si ces marchés frontières n'ont pas profité de la reprise boursière de 2009, ils ont en revanche surperformé les marchés émergents établis en 2010 : l'indice MSCI Frontier Markets a ainsi progressé de 23,8% contre 18,8% pour l'indice MSCI Emerging Markets l'an dernier.

Une grande disparité dans les performances

Si l'indice global a pris près de 24% en 2010, l'écart entre la meilleure performance (celle de l'Argentine à +77%) et la pire (celle de Bahrein à -18%) est gigantesque.

Les auteurs notent que les pays "frontières" présentent de très nombreuses disparités dans leurs caractéristiques de développement, de croissance, de capital humain, de démographie et d'ouverture politique. Ils pronent une combinaison d'approche macro-économique top down pour hiérarchiser les pays et de sélection de valeurs pour maximiser la performance et éviter les pays les moins performants.

Ils rappellent que ces marchés peuvent faire l'objet d'une désaffection générale due aux problèmes rencontrés par certains pays, comme Dubai (problème de la dette) ou la Roumanie et l'Ukraine (appel au Fonds Monétaire International pour contrer les effets de la crise financière) en 2009.

Cette désaffection avait conduit à une sous-valorisation des marchés frontières par rapport aux marchés émergents (à fin 2009, le ratio cours sur bénéfices historiques des marchés frontières était de 14,5 contre 20,6 pour les marchés émergents). Suite à la surperformance des marchés frontières en 2010, ce ratio s'établit à fin décembre 2010 à 15,8 contre 14,6 pour celui des marchés émergents.

Un fort potentiel selon Morgan Stanley Investment Management

Les auteurs notent que la plupart des marchés frontières sont encore très loins des sommets boursiers antérieurs. L'indice MSCI Frontier Markets était encore à fin décembre 2010 à un niveau inférieur de 50% à son plus haut historique (contre 13% pour l'indice MSCI Emerging Markets).

L'indice Frontière est beaucoup moins exposé à des valeurs liées aux matières premières, même si les pays eux-mêmes sont riches en matières premières (le poids de l'énergie et du secteur des matériaux était de seulement 10% à fin 2010, contre 29% dans l'indice MSCI Emerging Markets et 39% dans l'indice MSCI BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine).

Comme pour leurs grands frères de l'indice MSCI Emerging Markets, les pays frontières sont caractérisés par l'émergence rapide d'une classe moyenne désireuse de consommer. Pour les auteurs, les valeurs financières constituent le véhicule idéal pour bénéficier de cette tendance de fond : les financières pèsent d'ailleurs 53% de l'indice à fin 2010. Les auteurs insistent sur le fait que les pays frontières sont très peu bancarisés et que l'endettement y est très faible, ce qui donne aux institutions financières un gigantesque potentiel de croissance.

Rapportant le poids des pays frontières dans la population mondiale (14%) et dans le PIB mondial (5%) à leur poids dans la capitalisation mondiale (0,5%), les auteurs considèrent que l'écart se réduira au fil du temps, comme il s'est réduit pour les pays de l'indice MSCI Emerging Markets.

Et des risques multiples

Bien entendu, si le rattrapage semble une tendance lourde et de long terme, ces marchés ne sont pas exempts de risques : les politiques monétaires accommodantes des banques centrales ont conduit à une très forte augmentation de la liquidité, qui a pu contribuer à l'augmentation du cours des matières premières agricoles et au prix des biens alimentaires ; une récession dans les pays développés pourrait avoir un impact négatif sur la croissance des marchés frontières ; et surtout, la situation politique peut devenir très instable dans un ou plusieurs des pays frontières : la Tunisie, l'Egypte, la Libye et Bahrein illustrent l'éternel retour de la politique (le Yemen, en proie à des troubles politiques, ne fait pas partie des marchés frontières).

En dépit de ces risques, Timothy Drinkall et James Upton considèrent que les pays frontières constituent une opportunité d'investissement de long terme très attractive : ils rappellent que quand la situation économique passe de mauvaise à moins mauvaise, les investisseurs sont très souvent gagnants.

Il s'agit pour eux exactement de la trajectoire suivie par les marchés frontières : forte croissance, augmentation du revenu disponible, accès au crédit, croissance démographique, valorisations raisonnables et faible corrélation avec les marchés développés et les marchés émergents caractérisent ces marchés qui doivent faire partie d'une allocation globale, dans un univers de faible croissance.

Comment s'exposer aux marchés frontières ?

En dépit de la différence sémantique introduite entre marchés émergents (les constituants de l'indice MSCI Emerging Markets) et frontières (les constituants de l'indice MSCI Frontier Markets), on rappellera que les marchés frontières sont des marchés émergents, à intégrer à la poche actions émergentes d'une allocation diversifiée.

Nous conseillons de s'exposer aux marchés émergents par le biais d'un fonds global, comme Aberdeen Global Emerging Markets Equity, Baring Global Emerging Markets, Raiffeisen Emerging Markets Aktien ou encore Magellan, très largement référencé dans les contrats d'assurance vie en architecture ouverte.

On pourra consacrer une part raisonnable (pas plus de 20% à notre sens) de l'allocation émergente aux marchés frontières avec une double contrainte : l'offre est pour le moment assez restreinte et peu accessible (notamment dans les contrats d'assurance vie).

Templeton Frontier Markets Fund, géré par le très expérimenté Mark Mobius est le seul fonds pouvant s'exposer à la totalité des pays frontières référencé dans notre base de données.

La catégorie Quantalys Actions Pays Emergents autres zones regroupe les fonds n'étant pas exposés aux grandes zones émergentes usuelles (fonds globaux, Europe Emergente, Asie Emergente, Amérique Latine, ou fonds mono-pays).