Les risques en 2011 selon l'AMF

Publié le 01/06/2011 - Philippe Maupas
Risques multiples en 2011 pour les investisseurs selon le régulateur français

L'AMF (Autorité des Marchés Financiers) vient de publier la livraison 2011 de sa cartographie des risques et des tendances sur les marchés financiers et pour l'épargne, dont l'objectif est "d’alerter sur certains risques, de (...) donner les moyens de les prévenir ou d'en amortir les retombées trop brutales".

Les risques identifiés sont de natures très différentes.

Des risques macro-financiers

Ces risques sont liés à la dégradation de la situation financière de certains Etats (la Grèce par exemple) et de certaines institutions financières (les banques irlandaises par exemple).

Un autre risque concerne la formation de bulles sur des actifs risqués et/ou peu liquides, bulles alimentées par les liquidités très abondantes injectées par de nombreuses banques centrales.

Des risques liées aux matières premières

Sans aller jusqu'à imputer aux acteurs financiers de responsabilité majeure dans la formation des cours des matières premières, l'AMF pointe du doigt le rôle grandissant des intermédiaires financiers et le développement important des produits cotées indexés, permettant à une base d'investisseurs très large de s'exposer aux matières premières.

Des risques sur la formation des prix

L'AMF constate que la fragmentation des marchés, matérialisée par l'émergence de "dark pools" échappant au regard du public, et l'importance considérable du trading algorithmique et du trading haute fréquence ont mis en valeur certains risques opérationnels inconnus jusque là (comme le flash crash du 6 mai 2010 sur les marchés actions aux Etats-Unis). Ces risques peuvent dissuader certains investisseurs de participer aux transactions sur les marchés boursiers, alors même que nombre d'investisseurs importants ont déjà réduit leur participation du fait de nouvelles contraintes réglementaires.

D'autre part, l'AMF se pose quelques questions liées au développement considérable de la gestion indicielle, via notamment les produits indiciels cotés : quel est le rôle des fondamentaux dans la formation des prix et les mécanismes de confrontation des offres et des demandes sont-ils assez robustes ?

Des risques sur le financement des entreprises

Les prochaines normes prudentielles pour les banques et les compagnies d'assurance (Bâle 2 et Solvency) augmentent le coût de détention des actions pour ces acteurs essentiels du financement des entreprises et le régulateur français craint que la base des investisseurs susceptibles de financer les entreprises affecte le financement en fonds propres de ces dernières.

Des risques de commercialisation

L'AMF note que certains produits complexes et/ou risqués continuent de se développer : les obligations structurées (EMTN, Euro Medium Term Notes), les fonds à formule, les certificats, les produits indicielLes mes cotés de seconde génération, plus complexes et répliquant des sous-jacents très diversifiés.

La complexité de ces produits crée des risques de mauvaise compréhension et de commercialisation non appropriée ("misselling") auprès d'investisseurs privés, voire auprès de petites sociétés de gestion.

L'AMF note également que les fonds de private equity et les hedge funds sont disponibles dans des enveloppes accessibles aux investisseurs particuliers (ce que le régulateur appelle la "retailisation".

Le régulateur constate en outre que les portefeuilles des investisseurs privés sont toujours insuffisamment diversifiés, étant concentrés presque exclusivement autour des dépôts bancaires et des fonds en euros des contrats d’assurance vie.

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.