Les courtiers en ligne se sont initialement développés grâce au courtage actions jusqu'au krach boursier de 2000. Les 3 années de baisse importante de certains marchés actions a obligé ces acteurs à développer de nouvelles sources de revenus pour être moins dépendants de la volatilité des marchés actions. Aujourd'hui, Bourse Direct, Boursorama, Cortal Consors, Fortuneo Direct Finance, ING Direct et Symphonis disposent tous d'une offre fonds séduisante, à des tarifs attractifs, destinée à des investisseurs autonomes. Et une société de gestion comme Fidelity s'est même lancée sur ce segment prometteur.

Rappel sur le courtage en ligne

Le développement exponentiel d'internet depuis 10 ans a permis l'émergence de nouveaux intermédiaires dans le secteur de l'investissement. Les courtiers en ligne permettent à des investisseurs privés de passer eux-mêmes leurs ordres de bourse, ou d'investir directement dans des OPCVM, en utilisant différents canaux (internet étant le plus usuel). Pour séduire les investisseurs utilisant les services de leur banque de réseau habituelle, les courtiers en ligne ont développé des outils jusque là accessibles aux seuls professionnels de l'investissement d'une part, et baissé considérablement les tarifs de courtage d'autre part.

L'investisseur peut ouvrir un compte-titres ordinaire, un P.E.A., voire souscrire à un contrat d'assurance vie auprès de son courtier en ligne. Il va ensuite procéder lui-même aux décisions d'investissement, en utilisant les outils mis à sa disposition sur le site internet du courtier, voire en consultant les conseillers de clientèle. Ce canal de distribution s'adresse à des investisseurs autonomes, disposant d'une culture financière supérieure à la moyenne, et détenteurs de portefeuilles d'un montant également plus élevé que la moyenne.

698000 comptes actifs étaient ouverts chez les courtiers en ligne en France membres de l'ACSEL (association pour le commerce et les services en ligne) à fin septembre 2006 (source ACSEL). Le montant du portefeuille moyen à la même date était de 38.555 euros, réparti en 15910 euros d'OPCVM et 22.645 euros d'autres titres, la part des OPCVM étant de 41,6%.

Une offre en ligne croissante en matière de fonds

Si les courtiers en ligne se sont à l'origine développés grâce au courtage actions, la longue période de chute des marchés actions de 2000 à 2003 les a contraints à diversifier leurs sources de revenus pour survivre dans un premier temps, et réduire leur dépendance aux marchés d'actions dans un deuxième temps.

La plupart des acteurs du courtage en ligne disposent aujourd'hui d'une offre de fonds. Pour se différencier des banques de détail (voir notre article à ce sujet), ils proposent une gamme très étendue de fonds à des conditions tarifaires négociés : comme les frais de gestion du fonds ne sont pas négociables, ce sont donc les éventuels frais de souscription et de rachat qui sont négociés par le courtier en ligne. Dans le meilleur des cas, les frais sont purement et simplement ramenés à zéro, ou réduits par rapport aux frais maximum applicables par le fonds selon son prospectus. L'économie éventuellement réalisée est faite lors de la souscription ou lors de la revente du fonds, les frais de gestion restant strictement identiques quel que soit l'intermédiaire utilisé pour investir.

Pour qu'un distributeur (hors assurance vie) puisse vendre des fonds sans prélever de droits de souscription ou de rachat, il doit obtenir l'accord de la société de gestion, avec laquelle il signe une convention de distribution : la société de gestion est bien entendu libre de refuser de faire vendre ses fonds sans droits de souscription et de rachat, et toutes ne l'acceptent pas. Certaines d'entre elles refusent pour ne pas avantager un canal de distribution par rapport à un autre (la distribution en ligne par rapport à la distribution via un réseau physique - banque de détail, compagnie d'assurance ou Conseillers en Gestion de Patrimoine Indépendants – pour laquelle ces frais constituent une partie de la rémunération), d'autres acceptent car il n'y a pas de conseil à rémunérer dans le cas des intermédiaires en ligne, les investisseurs étant autonomes. C'est à vous de suivre, sur les sites internet des courtiers en ligne, les fonds accessibles sans frais de souscription et de rachat.

Boursorama

Cette filiale de la Société Générale offre l'accès à tous les fonds commercialisables auprès de particuliers en France.

Pour les fonds n'ayant pas consenti de conditions de souscription plus avantageuses que celles du prospectus, vous paierez donc les frais du prospectus, sans réaliser d'économie par rapport à d'autres canaux de distribution. Vous paierez en sus une commission de négociation de 2% du montant investi avec un minimum de 50 euros, ce qui rend la souscription de tels fonds plus onéreuse chez Boursorama que ne l'est la souscription de fonds externes dans la plupart des grandes banques de réseau.

Boursorama a des accords avec les fonds « partenaires », qui, tout en n'ayant pas consenti à la gratuité des frais de souscription et de rachat, ont accepté de faire une remise sur les frais de leur prospectus. Ces fonds partenaires ont des frais de souscription de 2% maximum.

Boursorama propose en outre près de 300 fonds (au 13 novembre 2006) dans son offre Boursorama 0% (qui implique d'ouvrir un compte-titres dédié exclusivement à cette offre).

Fortuneo

Longtemps indépendant, cet acteur a consolidé l'industrie en France en rachetant de nombreux courtiers indépendants avant de se faire absorber par le groupe Arkea (Crédit Mutuel de Bretagne).

Fortuneo donne accès à plus de 9000 fonds. Dans le cas où Fortuneo n'a pas d'accord préférentiel avec la société de gestion, les conditions tarifaires sont celles du prospectus du fonds.

Fortuneo a négocié des conditions préférentielles pour plus de 300 fonds. Les frais de souscription pour les fonds de cette liste s'élèvent à 1% pour les fonds actions, les fonds obligations et les fonds mixtes.

Fortuneo affiche clairement son positionnement de discount broker et a négocié la suppression des frais de souscription sur plus de 300 fonds.

Cortal Consors

La filiale de BNP Paribas est un des pionniers de la distribution de fonds par différents canaux de distribution en France.

Cortal (c'était son nom à l'époque) a créé il y a plus de 10 ans la Centrale des sicav, un « supermarché » de tous les fonds de droit français disponibles sur le marché, très précurseur à l'époque. Cortal Consors s'est développé en poursuivant une stratégie de distribution utilisant différents canaux de distribution : les conseillers financiers salariés de Cortal, conseillant les clients au téléphone ou en agences, et la distribution par internet.

En matière de fonds, Cortal Consors n'a jamais cherché à faire de hard discount, privilégiant les outils mis à disposition de ses clients sur internet pour continuer de faire payer des frais de souscription. Néanmoins, le courtier en ligne de BNP Paribas a dû faire quelques concessions face à l'essor des offres sans frais de souscription de Boursorama et Fortuneo et propose des droits de souscription négociés sur internet. Au 13 novembre, 168 fonds actions, 23 fonds obligataires, 4 fonds monétaires, 8 fonds obligations convertibles et 16 fonds mixtes (soit 219 fonds au total) étaient proposés avec des droits de souscription de respectivement 2%, 1%, 0%, 2% et 2% jusqu'au 31 décembre 2006 pour toute souscription effectuée sur internet.

Cortal Consors donne accès aux analyses faites par Fund Quest, une filiale de BNP Paribas spécialiste de l'analyse de fonds, sur certains des fonds référencés par Cortal Consors.

Bourse Direct

La filiale du groupe Viel & Cie, un des leaders mondiaux de l'intermédiation financière, développe depuis quelque temps la distribution des OPCVM.

Bourse Direct donne accès à près de 10000 fonds sur son site internet. Pour les fonds hors liste Zéro frais, vous paierez en sus des frais de souscription et de rachat éventuels du prospectus une commission forfaitaire supplémentaire de 10.76 EUR pour les fonds admis en Euroclear à l'achat et à la vente. Pour les fonds non admis en Euroclear, les frais supplémentaires seront de 0.38% avec un minimum de perception de 35.82 euros. Euroclear est le dépositaire central français en charge des systèmes de règlement livraison Relit et TGV. Euroclear permet d'automatiser les transactions en OPCVM, dont la chaîne de traitement n'est pas identique à celle des actions cotées en bourse. Quand les fonds ne sont pas admis en Euroclear, la procédure est lourde et pour partie manuelle, d'où les frais élevés facturés par Bourse Direct. L'information sur l'admissibilité du fonds en Euroclear est fournie dans le prospectus.

Sur le modèle de Boursorama et Fortuneo, Bourse Direct a négocié la suppression des frais de souscription sur une sélection de près de 400 fonds.

ING Direct

Surtout connu pour son livret Epargne Orange, ING Direct est également un courtier en ligne, donnant accès à une gamme restreinte d'OPCVM.

Fidèle à sa stratégie de simplicité ayant fait le succès de livret Epargne Orange, ING Direct a choisi d'offrir une sélection restreinte d'OPCVM sans frais de souscription (sauf pour les fonds gérés par Tocqueville Gestion proposés à 1% de frais de souscription) : au nombre de 15 au 13.11.2006, ils peuvent être souscrits dans le cadre d'un compte-titres ordinaire ou d'un P.E.A.

CPR Online

Le courtier en ligne détenu par le Crédit Agricole, tout en donnant accès à tous les OPCVM accessibles aux particuliers en France, est moins en pointe que ses concurrents en matière de tarifs négociés.

Sur les fonds ne faisant pas l'objet d'accords particuliers, CPR Online facture, en sus des frais de souscription et de rachat éventuels du prospectus du fonds, une commission forfaitaire de 18 euros par transaction (à l'achat et à la vente).

CPR Online offre un accès à environ 120 fonds à des conditions négociées, soit un nombre inférieur celui de Boursorama, Fortuneo, Cortal Consors ou Bourse Direct. Les frais de souscription négociés sont de 0% pour les fonds monétaires, de 1% pour les fonds obligations France et Europe, de 2% pour les fonds obligations internationales et convertibles, de 2 à 2.5% sur les fonds actions, les fonds profilés, les fonds indiciels, les fonds sectoriels et les fonds éthiques.

L'essor de l'assurance vie en ligne

Si tous les courtiers en ligne ont commencé par offrir des fonds dans le cadre de compte-titres ordinaires ou de P.E.A., ils sont aujourd'hui nombreux à offrir des contrats d'assurance vie. Il existe également des acteurs spécialisés ne faisant que de la distribution en ligne de contrats d'assurance vie, sans offrir de services de courtage sur actions.