Gestion active/passive, réaction #3

Publié le 10/06/2016 - Christian Chardin
Le point de vue de Christian Chardin, conseiller financier, Mes-placements.fr

En tant que sélectionneur de fonds et allocataire d'actifs, et subsidiairement ancien gérant, je suis aussi un fervent partisan de la gestion active, assez indigné par le slogan simplificateur selon lequel "aucun gérant ne bat l'indice à long terme" répété comme une vérité première par les zélateurs de la gestion passive (cf. Lénine : "tout mensonge répété pendant suffisamment longtemps finit par devenir une vérité").

Dans mon appréciation, j'abonde d'abord un aspect structurel évoqué dans le 2ème volet de la série Quantalys : s'il n'y a pas de gestion active, il n'y a pas de marché, c'est-à-dire de formation de prix, et s'il n'y a pas de marché, certainement pas de gestion passive.

La gestion passive séduit par son côté "moderne" utilisant des techniques récentes et rassure par son côté scientifique : les mathématiques, c'est une science exacte, donc forcément le recours à ces techniques ne peut qu'améliorer le résultat d'une gestion polluée par les états d'âme et les erreurs de jugement d'un gérant.

Les générations montantes, très geek, y seront forcément plus sensibles que celles qui n'ont connu, pour le meilleur mais aussi le pire, hélas, que la bourse à l'ancienne. Comme la démographie travaille pour elles, ceci explique à mes yeux pour une bonne part la montée régulière de la part prise par la gestion passive.

La gestion active n'est cependant pas exempte de reproche, et a souvent donné des verges pour se faire battre : elle n'a pas toujours démontré une recherche de valeur ajoutée, se contentant longtemps de ne pas faire plus mal que son indice de référence (surtout les grands réseaux, mais ce sont bien eux qui captent la majeure partie de la clientèle), prélevant parfois des frais indécents (les grasses commissions de surperformance sans "high water mark") et n'ayant durablement pas fait d'effort de transparence ou d'information excessifs (ça s'améliore, mais un peu tard, le loup est entré dans la bergerie).

C’est une évidence mathématique que l’indice peut être battu. Les variations de celui-ci ne font que refléter la somme des variations des gestions individuelles. L’indice représente donc une moyenne, et il y a par construction des gestions qui font mieux que cette moyenne. La difficulté de la sélection de fonds consiste à repérer celles qui affichent durablement cette caractéristique. Il en existe, heureusement, un certain nombre.

En assurance vie, enveloppe privilégiée par les épargnants français, une sélection efficace de fonds actifs couplée à une discipline de gestion apportera de meilleurs résultats que le recours à des produits passifs.

Christian Chardin est conseiller financier, Mes-placements.fr.