Gestion obligataire : les différents types d’émetteurs

Publié le 27/02/2007 - Philippe Maupas
En fonction de la nature de l’émetteur d’une obligation, les risques sont très différents. Typologie des principaux émetteurs de titres de dette.

Les 3 grandes familles d'émetteurs d'obligations exposent l'investisseur à des risques différents, qui sont détaillés ici.

Les émetteurs souverains : les Etats

Les Etats émettent des obligations de façon régulière, pour financer la différence entre leurs produits (recettes fiscales, etc.) et leurs charges (dépenses budgétaires, etc.). A une époque de déficits budgétaires élevés pour la plupart des grands pays développés, les émissions d'obligations d'Etat sont continues et les montants considérables.

Les Etats sont censés être les émetteurs les moins risqués, dans la mesure où leur politique fiscale leur donne accès à des ressources pour rembourser leurs dettes : en pratique, le risque de défaut existe, qu'on se souvienne en France du non-remboursement des obligations émises par la Russie tsariste par le gouvernement soviétique, de la crise argentine, de la crise russe en 1997 (encore). Il importe donc de distinguer parmi les émetteurs souverains (autre nom donné aux Etats) les moins risqués des plus risqués : c'est alors qu'entrent en lice les agences de notation, dont le métier est de noter les émetteurs pour les positionner sur une échelle de risque. Plus la note est élevée, moins l'emprunteur devra donner un coupon élevé pour attirer les prêteurs. A l'inverse, moins la note est élevée, plus grand est le risque de défaut, et plus élevé le coupon que devra offrir l'emprunteur pour convaincre le prêteur d'accepter le risque supplémentaire.

Ce qui ne veut pas dire que deux Etats notés AAA (la meilleure possible) offriront le même taux d'intérêt s'ils émettent des obligations au même moment : la devise d'émission joue un rôle important (les taux d'intérêt de la zone dollar ne sont pas égaux à ceux de la zone euro), quant aux marchés, ils peuvent avoir une appréciation différente de ces émetteurs et exiger un taux d'intérêt différent.

Il est habituel de distinguer les émetteurs souverains des pays dits développés des émetteurs souverains des pays dits émergents : en effet, ces derniers sont réputés représenter un risque supérieur à celui des pays développés (risque de défaut supérieur, risque politique supérieur, voir le récent coup d'Etat en Thaïlande) et par conséquent devoir mieux rémunérer leurs prêteurs.

Vous retrouverez les emprunts d'Etat dans différentes catégories : Fonds obligations euro diversifiées, où les obligations long terme d'Etat des pays développés émis en euro sont généralement très représentées, Fonds obligations USD diversifiées, où les obligations long terme d'Etat des pays développés émis en dollar US sont généralement très représentées, et enfin Fonds Obligations Monde diversifiées, où les obligations long terme d'Etat des pays développés émises en différentes devises (euro, dollar US, livre sterling, yen, etc.) sont généralement très représentées. Vous retrouverez les obligations émises par des Etats des pays émergents dans la catégorie Quantalys Fonds Obligations Pays Emergents.

Les émetteurs supranationaux ou bénéficiant d'une garantie d'un Etat

Il existe des institutions financières n'appartenant pas à un Etat, mais dont le caractère supranational (leur capital est détenu par de nombreux Etats) leur donne des caractéristiques en matière de risque similaires à celles des Etats les mieux notés. C'est par exemple le cas de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), une des deux organisations composant la Banque Mondiale, de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

D'autres institutions, sans être directement détenues par un Etat, bénéficient pour leurs émissions obligataires d'une garantie de l'Etat : si elles sont défaillantes, c'est l'Etat qui assumera leurs obligations.

Dans ces deux cas, les obligations émises sont quasi identiques dans leurs caractéristiques de rendement (le coupon) et de risque de défaut (très faible) à des obligations d'Etat.

Les entreprises privées

Nous quittons le monde des obligations d'Etat ou assimilées pour entrer dans celui des obligations émises par des entreprises privées : celles-ci présentent un risque de crédit beaucoup plus important que celui des Etats les mieux notés. En effet, la structure financière des entreprises peut évoluer très rapidement, au gré des acquisitions (qui peuvent nécessiter un endettement important, lequel peut conduire à une dégradation de la note accordée par les agences de notation et à une baisse du cours de ses obligations existantes), ou simplement au gré de la vie de l'entreprise (qui peut ne pas dégager le cash-flow nécessaire au service de sa dette).

Les agences de notation notent également les entreprises privées, et distinguent deux grandes catégories : les obligations dites «investment grade» (catégorie d'investissement), dont le risque de défaut est peu élevé ; et les obligations dites à haut rendement («high yield»), émises par des sociétés dont la structure financière est trop dégradée pour qu'elles soient notées en investment grade : elles présentent donc un risque de défaut plus élevé et doivent par conséquent offrir un coupon élevé pour attirer les investisseurs.

Certaines sociétés de gestion gèrent des fonds spécialisés dans les obligations émises par les entreprises, en distinguant généralement les obligations «investment grade» des obligations à haut rendement.

Vous retrouverez les fonds investissant dans les obligations d'entreprises «investment grade» dans 3 catégories Quantalys : obligations Euro secteur privé (investissant dans des obligations libellées en euro, donc sans risque de change pour l'investisseur de la zone euro), obligations dollar US secteur privé (investissant dans des obligations libellées en dollar US, donc présentant un risque de change pour l'investisseur de la zone euro), et obligations monde secteur privé (investissant dans des obligations libellées dans différentes devises, donc présentant un risque de change pour la partie non libellée en euro pour l'investisseur de la zone euro).

Vous retrouverez les fonds investissant dans les obligations à haut rendement dans 3 catégories Quantalys : obligations euro haut rendement (investissant dans des obligations libellées en euro, donc sans risque de change pour l'investisseur de la zone euro), obligations dollar US haut rendement (investissant dans des obligations libellées en dollar US, donc présentant un risque de change pour l'investisseur de la zone euro), et obligations monde haut rendement (investissant dans des obligations libellées dans différentes devises, donc présentant un risque de change pour la partie non libellée en euro pour l'investisseur de la zone euro).

Philippe Maupas , CFA, CAIA, CIPM, est co-fondateur de Quantalys et éditorialiste.