La gestion obligataire : les risques des obligations

Publié le 27/02/2007 - Opportunité
Contrairement à une idée reçue, les obligations ne sont pas des produits sans risque, notamment quand elles sont détenues via un fonds obligataire.

Selon une idée reçue encore très répandue, les fonds obligataires ne présenteraient pas de risques de perte en capital. C'est absolument faux : dans la mesure où les fonds obligataires sont composés d'obligations, où le cours des obligations fluctue à la baisse comme à la hausse, il suffit d'une période de hausse des taux d'intérêt pour que la valeur liquidative de votre fonds obligataire diminue. Vous pouvez donc enregistrer une moins-value potentielle (ou la réaliser si vous décidez de vendre) avec des fonds obligataires.

Il n'y a bien sûr pas un seul taux d'intérêt, mais les taux directeurs des grandes banques centrales dont parlent régulièrement les médias vous serviront de points de repère : depuis quelques mois, ils sont clairement orientés à la hausse, tant aux Etats-Unis qu'en Europe. Ce qui implique, si notre axiome est vrai, que les cours des obligations ont évolué à l'inverse, à savoir à la baisse.

Essayons de nous y retrouver dans la jungle des obligations : pour mémoire, une obligation est un titre de dette, émis par différents types d'émetteur, dans différentes devises, pour différentes durées, avec différentes modalités de remboursement et de fixation du taux d'intérêt. Compliqué ?

Les risques des obligations

Le risque de taux d'intérêt

Les obligations présentent tout d'abord un risque de taux d'intérêt : si les taux d'intérêt montent, le cours de l'obligation baisse, exposant l'investisseur à un risque de moins-value en capital s'il doit vendre l'obligation à un prix inférieur à son prix d'acquisition. Si en cas de hausse des taux d'intérêt le cours des obligations ne baissait pas, elles offriraient une rémunération moins élevée que celle des nouvelles obligations (émises à un taux d'intérêt plus élevé), offrant une opportunité d'arbitrage sans risque : dans ce cas, les opérateurs de marché profiteraient de cette opportunité en vendant « l'ancienne » obligation pour acheter de « nouvelles obligations », conduisant à une baisse du cours de l'ancienne obligation en sorte qu'il soit neutre de détenir l'une ou l'autre en terme de rendement.

Plus la durée de vie de l'obligation est longue, plus élevé est son risque de taux d'intérêt. A contrario, plus sa durée de vie est courte, moins élevé est son risque de taux d'intérêt. Par conséquent, si vous devez être investi en obligations et anticipez une hausse des taux d'intérêt, vous souffrirez moins, toutes choses égales par ailleurs, en vous positionnant sur des titres de court terme (Quantalys dispose de plusieurs catégories obligataires court terme et moyen terme pour vous aider à identifier les fonds).

Le risque de crédit

Les obligations présentent ensuite un risque de crédit, qui est celui que l'emprunteur ne rembourse pas sa créance, cas le plus extrême, ne rembourse qu'une partie de sa créance, ou bien voie sa note de crédit dégradée après une émission obligataire, conduisant le cours de son obligation à baisser, pour refléter le taux plus élevé exigé par les prêteurs pour détenir la dette de l'emprunteur.

Le risque de change

Les obligations peuvent présenter un risque de change : si un investisseur de la zone euro achète des obligations en dollar et que le dollar se déprécie par rapport à l'euro après l'émission, la valeur en euro de l'obligation peut être inférieure à sa valeur au moment de l'acquisition.

Le risque de réinvestissement

Les obligations présentent également un risque de réinvestissement : si l'investisseur connaît le montant du coupon qu'il va toucher, il ignore à quel taux il va pouvoir réinvestir ces coupons, les taux d'intérêt ayant pu évoluer entre l'achat de l'obligation et le paiement du coupon.

Le risque de défaut

Un émetteur d'obligations est en défaut quand il n'a pas honoré dans les temps le paiement d'un coupon ou le remboursement du capital. Ce cas de figure est statistiquement peu fréquent mais existe : les Etats peuvent faire défaut (les emprunts russes répudiés par l'URSS après la Première Guerre Mondiale sont toujours présents dans l'imaginaire des investisseurs français), les entreprises également.

La perte maximum en cas de défaut correspond à la somme des coupons non versés et du principal non remboursé. Sachant que plus l'émetteur présente de risques, plus le taux d'intérêt qu'il doit offrir pour qu'on lui prête est élevé, le risque de défaut est en théorie plus élevé au sein des fonds d'obligations à haut rendement ainsi que, dans une moindre mesure cependant, au sein des fonds d'obligations d'émetteurs des pays émergents. Mais la rémunération (en termes de coupon) est également plus élevée.