Les différents styles de gestion actions

Publié le 17/11/2006 - Société de gestion
Comment identifier les différentes approches en matière d’actions ? Typologie des principaux styles de gestion

Il existe de multiples façons de gérer un portefeuille d'actions : on peut suivre très fidèlement un indice boursier familier en essayant de le répliquer. On parle alors de gestion passive (la seule « décision » étant celle de suivre la composition d'un indice).

La performance des indices, outre le fait qu'elle est facilement accessible, sert de point de comparaison à toutes les autres gestions non passives : dans la mesure où il est aisé de s'exposer aux indices via des fonds indiciels ou des ETF, la gestion active se doit de battre l'indice de référence le plus proche de sa stratégie d'investissement par une marge suffisante pour couvrir au moins les frais de gestion supplémentaires facturés par rapport à un produit géré passivement : sinon, l'investisseur choisit le produit géré passivement.

Qu'est-ce qu'un style de gestion en matière d'actions ?

En matière de gestion active (type de gestion qui s'affranchit plus ou moins de la composition des indices boursiers), on distingue actuellement quelques styles dominants : les styles Value et Growth ainsi que, par abus de langage, les petites et moyennes valeurs qui deviennent également un style de gestion. Nous aborderons également les fonds sectoriels, qui peuvent également constituer un style de gestion, même si cette terminologie nous semble aussi abusive que dans les cas des petites et moyennes valeurs.

Growth vs Value

Rappelons tout d'abord une évidence : un gérant, qu'il soit Growth ou Value, n'achètera une action que s'il pense que son cours va s'apprécier dans le futur.

Les concepts de Growth et Value ont été développés aux Etats-Unis par William Sharpe, qui a décelé des différences de comportement entre les actions très chèrement valorisées au regard de leurs bénéfices (quand elles en faisaient) et de leur chiffre d'affaire d'une part, et les actions faiblement valorisées, notamment au regard de leur actif net (la différence entre ce qu'elles détiennent à leur actif et ce qu'elles doivent à leur passif) d'autre part.

Les investisseurs s'exposent à des actions dites de croissance (traduction en français de growth) en achetant avant tout la croissance future de leurs ventes et de leurs bénéfices, laquelle croissance continuera de faire monter le cours de l'action ; ils s'exposent à des actions dites value (les Suisses romands les qualifient d'actions de substance) en pariant que le marché s'apercevra de la sous-évaluation de ces titres et en tirera la valeur vers le haut, vers des ratios de valorisation « normaux ».

Attention, un gérant n'est pas soit growth soit value : les fonds revendiquant l'un ou l'autre des deux styles sont encore peu répandus en Europe par rapport aux Etats-Unis où ces notions structurent l'offre de fonds des sociétés de gestion. Ceci étant, ces deux approches nous semblent pertinentes et intéressantes en termes d'investissement et nous avons créé des catégories Quantalys ad hoc pour vous permettre d'identifier les fonds Growth et Value.

Notre parti-pris a été de considérer que l'appartenance au style Growth ou Value était le fruit d'un acte réfléchi de la part de la société de gestion : sont donc classés dans nos catégories Growth ou Value les fonds dont le prospectus revendique explicitement une telle approche. Vous retrouverez des catégories Growth et Value pour les fonds actions France, les fonds actions Zone euro, les fonds actions Europe, les fonds actions Etats-Unis et les fonds actions Monde.

Growth

Les valeurs internet à la fin des années 1990 étaient typiquement des valeurs de croissance : peu étaient rentables, les multiples cours sur bénéfices n'avaient donc aucune pertinence, en revanche certaines d'entre elles connaissaient une croissance explosive de leurs ventes. Si nombre d'entre elles ont depuis fait faillite, les réussites de l'internet aujourd'hui montrent qu'il n'était pas absurde d'investir dans ce secteur lors de son démarrage : E-Bay, Yahoo, Google aux Etats-Unis, Meetic ou Aufeminin.com en France ont montré que le secteur de l'internet pouvait être synonyme de profits.

Les gérants Growth interviennent généralement (mais pas toujours et pas seulement) sur des secteurs à forte composante technologique, cette composante étant souvent synonyme de croissance. En théorie, il peut exister des valeurs de croissance dans tous les secteurs d'activité, il convient donc de ne pas assimiler les gérants « croissance » à des spécialistes sectoriels : ils peuvent s'intéresser à tout secteur d'activité.

Les valeurs de croissance sont généralement plus risquées que les titres Value, le risque étant mesuré par la volatilité de leurs rendements : ceci ne veut pas dire qu'elles sont à éviter, mais que l'investisseur doit avoir conscience du fait qu'elles peuvent s'apprécier beaucoup comme se déprécier beaucoup avec des à-coups parfois violents.

Value

On utilise pour apprécier la cherté d'une action plusieurs types de ratios, qui comparent son cours ou un montant dérivé de son cours à une autre valeur : le ratio cours/bénéfice (Price Earning Ratio en anglais) est un des plus répandus (plus il est élevé, plus la valeur est chère relativement). On peut également s'intéresser au ratio cours sur chiffre d'affaires.

Les gérants Value s'intéressent souvent en plus au ratio cours sur actif net, l'actif net étant une des mesures possibles de la valeur à la casse d'une société (ce qu'elle vaudrait si elle était vendue en totalité, à savoir la valeur de ses actifs moins la valeur de ses dettes). L'actif net est utile pour les sociétés industrielles (pour lesquels les actifs matériels – usines, stocks – sont une partie importante de la valorisation), il l'est moins pour les sociétés financières (banques, compagnies d'assurance), dont l'actif au bilan est souvent assez éloigné de sa vraie valeur.

Autre ratio analysé par les gérants Value : le ratio cours sur cash flow (en utilisant différents cash-flow), la génération de cash par une entreprise étant un signe de bonne ou mauvaise santé et pouvant être utile pour la valoriser.

L'approche Value consiste à acheter des actions dont les ratios cours sur actif net et cours sur cash flow présentent une décote significative et non expliquée par rapport aux autres sociétés du secteur, en tablant sur une réduction de cette décote par augmentation du cours des actions détenues : le destin idéal d'une action considérée comme Value à un instant t est que ce cours s'apprécie à un niveau tel que ses nouveaux ratios de valorisation soient en ligne avec ceux des sociétés comparables (et donc qu'elle ne soit plus considérée comme Value et soit vendue par le gérant).

Plusieurs approches existent en matière de Value : l'approche par le rendement des dividendes (où le gérant n'investit que dans des actions servant un dividende supérieur à un seuil fixé par le gérant avec un degré de certitude suffisamment élevé) tient compte du fait que sur longue période, une part importante du rendement total de l'investissement est due au dividende ; l'approche valeurs décotées, qui ne considère que la valorisation de la société (cours sur actif net et/ou cours/cash flow) et n'investit que dans les valeurs satisfaisant aux critères du gérant et pour lesquelles il existe un ou plusieurs catalyseurs susceptibles de conduire à une revalorisation du cours ; l'approche contrariante, qui consiste à s'intéresser aux sociétés délaissées par le marché, dès lors qu'il existe une raison objective pour que la situation s'améliore.

Petites et Moyennes Capitalisations

Autre style, investir en petites et moyennes capitalisations.

En quoi les petites et moyennes valeurs diffèrent-elles des grandes valeurs ? Certains disent qu'il est plus facile de déceler des sociétés mal évaluées par le marché au sein des petites et moyennes valeurs car le nombre d'analystes financiers s'y intéressant est moins élevé que dans le cas des grandes valeurs.

Ce dernier point est tout à fait exact : les sociétés de gestion (dont les analystes alimentent en recommandations les gérants : on les appelle analystes buy-side, car ils sont du côté de l'acheteur de l'action, leur propre société) comme les sociétés de courtage actions (dont les analystes alimentent les clients en recommandations : on les appelle analystes sell-side car ils sont du côté du vendeur de l'action, la société de courtage) ont plus d'analystes en charge des grandes valeurs, car pour les unes comme pour les autres, le volume d'affaires est beaucoup plus important sur les grandes valeurs que sur les petites et moyennes valeurs.

S'il est plus facile de dénicher des pépites parmi les petites et moyennes valeurs que parmi les grandes, c'est également un secteur plus volatil, présentant de surcroît un risque supplémentaire, celui de liquidité : les volumes de transaction (les achats et les ventes) sont beaucoup moins importants dans le cas des petites et moyennes valeurs, dont les cours sont par conséquent très sensibles à des ordres importants et seront plus impactés, à la hausse comme à la baisse, par de tels ordres, en comparaison des grandes valeurs, pour lesquelles le volume de transactions quotidiennes permet d'absorber la quasi-totalité des ordres d'achat ou de vente sans difficulté. Dans le pire des cas, un ordre de vente ou d'achat massif sur une petite ou moyenne valeur devra être exécuté tout au long d'une journée de bourse, voire sur plusieurs jours.

Les catégories Quantalys vous donne accès aux fonds spécifiquement investis sur les petites et moyennes valeurs pour les actions France, les actions Royaume-Uni, les actions Allemagne, les actions Suisse, les actions Etats-Unis, les actions Japon, les actions Zone Euro, les actions Europe et les actions Monde.

Nous vous recommandons de ne consacrer qu'une proportion raisonnable de votre investissement en actions ou en fonds actions aux petites et moyennes valeurs, en raison de leur volatilité supérieure à celle des grandes valeurs.

Les fonds sectoriels

Un des attraits principaux des fonds est de vous donner accès à une grande diversification, laquelle permet de réduire le risque du portefeuille. Dans de nombreux cas, un fonds vous donne accès à une zone géographique (Fonds Actions France, Fonds Actions Etats-Unis, etc.), et au-delà à des approches de style (Value, Growth, Petites et Moyennes Valeurs).

Dans certains cas, le fonds va se spécialiser sur les actions d'un secteur d'activité en particulier, limitant sa diversification pour vous exposer à un portefeuille mono-thématique : si vous pensez que les actions du secteur pharmaceutique sont amenées à s'apprécier plus que le marché en général, dans le futur, vous bénéficierez à plein de cette appréciation en investissant dans un fonds spécialisé (plus que si vous étiez investi dans un fonds non sectoriel). Si votre pronostic est inexact et qu'au contraire le secteur dans sa totalité baisse, vous souffrirez plus que si vous étiez investi dans un fonds non sectoriel.

Les gérants de fonds sectoriels sont par définition très spécialisés, ce qui ne veut pas dire qu'ils soient tous bons (à savoir qu'ils battent leur indice de référence en tenant compte du risque pris pour atteindre la performance).

Nous avons créé des catégories Quantalys ad hoc pour vous permettre d'identifier les principales familles de fonds sectoriels : biotech, immobilier, santé-pharma, services aux collectivités, services financiers, technologies, télécom, Energie Matières Premières Or.

A l'instar des petites et moyennes valeurs, la plupart des fonds sectoriels vous exposent à une volatilité plus élevée que celle des fonds non sectoriels. Il importe donc d'investir dans ce type de fonds en ayant pleinement conscience des risques supplémentaires qui y sont associés et de n'y consacrer qu'une partie raisonnable de votre portefeuille.

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