Observatoire Quantalys BFM Business 2018 : Le conseiller « augmenté » devient réalité

Publié le 06/12/2018 - Alexandre Prat
La gestion de patrimoine a compris que la digitalisation, au lieu d’être une menace pour la profession, était au contraire une arme pour faire face aux tâches administratives et réglementaires pour 88% des CGP mais aussi pour remettre les clients au cœur de leur dispositif pour 85% des cabinets et également pour offrir de nouveaux services à valeur ajoutée pour 76%. Cette mutation est d’autant plus importante que l’environnement est mouvant : Mouvant pour la profession au niveau européen (MIFID2, DDA, PRIIPS…), mouvant pour la profession au niveau français (loi PACTE, réformes de la retraite, de l’épargne…) mouvant sur le plan macro-économique et financier (banques centrales, géo-stratégie…) et enfin mouvant sur le plan micro-économique pour chacun des conseillers financiers et de leurs clients.

Télécharger l'observatoire Quantalys BFM Business 2018 

https://quantalys.com/upload/20181206_observatoirebfm.pdf

-          Les conseillers en gestion de patrimoine sont assez optimistes pour 2019 (46% optimistes voire très optimistes) contrairement à leurs clients qu’ils jugent majoritairement partagés voire inquiets dans le contexte actuel.

-          Les réformes structurelles récentes ou en cours (loi PACTE, FLAT-TAX, IFI…) devraient aider la profession (à 78%) et devraient faire partie des leviers pour la gestion de patrimoine dans les prochains mois contrairement à la conjoncture et les marchés financiers qui sont considérés comme des freins pour 43% des CGP

-          Alors que les réformes locales apparaissent comme positives, les multiples réglementations européennes impactant la profession (MIFID2, DDA, PRIIPS…) sont jugées comme négatives (63% négatives voire très négatives).

-          Avec la réglementation, la digitalisation est l’autre grand sujet qui touche le monde de la gestion de patrimoine en ce moment et est perçue comme la réponse ultime aux lourdeurs administratives. En effet, 69% des CGP interrogés jugent cette mutation comme positive pour la profession. 74% s’attendent à des changements forts et stratégiques pour leur propre activité dans les prochains mois dans ce domaine. Les investissements technologiques porteront principalement sur la mise en conformité pour 88% des CGP (archivage, horodatage, stockage, agrégation…). Ils ont pour objectif également de remettre le client au cœur du dispositif pour 85% des cabinets (connaissance clients, acquisition de nouveaux clients, proposition de solutions adaptées, monitoring des clients…). Enfin, la Tech est perçue comme source de valeur ajoutée : De meilleures solutions (76%), de meilleures analyses (70%), de meilleurs bilans patrimoniaux (64%)… Ainsi, le temps économisé sur les tâches administratives sera consacré aux analyses.

-          En ce qui concerne les solutions privilégiées dans les prochains mois, l’assurance-vie multi-supports reste incontournable pour 94% des conseillers en gestion de patrimoine. En effet, avec une conjoncture que les conseillers anticipent comme difficile sur 2019, avec de nombreuses réformes à la clef, l’enveloppe assurance-vie multi-supports apparaît comme la plus flexible et la plus adaptée. Au sein de cette enveloppe, la grande majorité sélectionne des fonds d’investissement actifs (78%) ou de l’immobilier papier (67%) souvent comme alternative aux fonds en euros.

-          A noter un intérêt fort pour l’épargne salariale (55%) et l’épargne retraite (60%) dans les prochains mois à mettre en rapport avec les réformes politiques favorisant ces dispositifs.

-          Quand on les interroge sur la sélection de fonds spécifiquement, la grande majorité des CGP privilégie les fonds Actions sur les grandes valeurs (74%) comme complément idéal du fonds en Euros afin de bâtir des portefeuilles diversifiés adaptés aux objectifs de chaque investisseur.

-          En plus des fonds traditionnels sur une zone géographique, les conseillers se tournent de plus en plus vers des gestions représentatives d’un thème à 66% (vieillissement, robotique…) ou d’un secteur à 66% (tech, santé…). Les conseillers ont besoin d’engager leurs clients sur des solutions à valeur ajoutée « sur-mesure » qui donnent du sens à leurs investissements, qui apportent une dimension supplémentaire. A ce titre, La gestion ISR et les approches ESG sont devenues incontournables pour la profession des conseillers en gestion de patrimoine puisque 78% s’intéressent de près ou de loin  à cette approche. Il ne s’agit plus d’un simple effet de mode mais prend une place cœur dans les allocations proposées, 29% des répondants considèrent qu’elle aura un poids fort voire très fort en 2019.

-          Deux questions d’actualité avaient été posées aux conseillers lors de cette enquête : La première portait sur l’impact du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu en 2019. Il ressort que les conseillers sont partagés quant aux impacts de cette réforme sur leurs clients et leur métier puisque , dans l’ensemble, 43% pensent qu’elle n’aura pas impact. Lorsque l’on fait la balance des avis  positifs (18%) et négatifs (32%) , on décèle cependant une certaine inquiétude chez les conseillers avant sa mise en place réelle.

-          En ce qui concerne les multiples réformes du gouvernement, seules quatre auront réellement un impact positif majeur sur la gestion de patrimoine selon les CGP : Il s’agit du volet Epargne retraite de la loi PACTE (72%), du volet Epargne salariale (57%), de la suppression de l’ISF et la mise en place de l’IFI (62%) et de l’instauration de la FLAT-TAX (61%).

Alexandre Prat est analyste chez Quantalys.