Quantalys fait évoluer sa méthodologie de notation des fonds

Publié le 03/10/2019 - Jean Paul Raymond
Avec le recul de dix années d’expérience nous avons souhaité affiner notre méthodologie afin d’améliorer la notation de certaines catégories et d’éliminer quelques effets de bord.

Le modèle de notation Quantalys a été développé en 2007 et avait pour objectif de donner une vision la plus objective possible de la qualité intrinsèque d’un fonds indépendamment du trend des marchés sur la période analysée. Ce découplage de la note et de l’état des marchés était la seule apte, à notre avis, à donner une stabilité voire une prédictibilité à la note attribuée.

Pour le dire simplement, attribuer une note à la qualité intrinsèque du fonds, c’est-à-dire à la qualité de sa gestion, permettait de ne pas risquer de voir les premiers devenir les derniers en cas de retournement des marchés.

Pour ce faire deux éléments indépendants étaient calculés :

  • Une première note, dite de réaction au marché, prenant en compte l’alpha, le béta haussier et le béta baissier du fonds. Cette note permettait de déterminer la qualité de la gestion c’est-à-dire une gestion capable à la fois de créer de la surperformance absolue, d’augmenter les hausses et d’amortir les baisses, ou du moins de trouver le meilleur compromis entre ces trois éléments.
  • Une seconde note, dite d’habileté du gérant, vérifiait sa capacité à créer de la surperformance par ses choix tactiques et son stock picking, ce que l’on appelle le rendement actif, c’est à dire le rendement dû à l’activité du gérant.

Le détail de l'explication de la notation Quantalys est consultable ici.

Pour calculer ces deux éléments il est nécessaire de comparer l’historique du fonds avec celui d’une série d’indices de référence. Or ces indices sont parfois éloignés du comportement réel du fonds, en particulier pour les fonds ayant un comportement atypique, et le calcul donne alors des résultats trompeurs. C’est la raison pour laquelle nous calculons toujours le R² de la régression afin de voir si le modèle mathématique est cohérent ou non.

Dans le cas de la notation, comme l’ensemble des fonds doit être noté, cette vérification n’est pas faite et c’est la raison pour laquelle nous avons parfois des notes qui peuvent paraitre « aberrantes » ou en tout cas des effets de bord.

Afin d'éliminer ces effets indésirables nous avons relancé un programme d'étude et de tests et sommes arrivés aux évolutions suivantes :

Pour la note de « réaction au marché »

Au béta haussier et au béta baissier, qui font intervenir une régression par rapport à l’indice de référence de la catégorie, nous avons préféré utiliser l’Up Capture Ratio et le Down Capture Ratio calculé par rapport à la moyenne de catégorie sur données hebdomadaires. Ces deux éléments permettent de calculer la réactivité du fonds respectivement en période haussière et en période baissière, tout comme les béta utilisés précédemment, mais de manière directe sans passer par une régression. Ce calcul est donc très similaire au précédent mais évite les effets de bord pour les fonds atypiques.

Pour l’alpha, nous avons fait une modification ayant un peu plus d’impact. En effet, nous avons introduit la notion d’alpha haussier et baissier à la place de l’alpha global.

Ce choix a été fait pour décorréler encore d’avantage la note et le trend des marchés sur la période analysée, vu que ces deux éléments sont normalisés avant d’être réinjectés dans la note. Cela permet de totalement découpler cette partie de la note de l’état des marchés au moment du calcul.

Pour la note d’ « habileté du gérant »

Le calcul du rendement actif n’a pas changé, par contre nous avons introduit une nouveauté importante.

En effet, nous prenons maintenant en compte le risque actif en plus du rendement actif.

Nous vérifions ainsi non seulement si les choix tactiques du gestionnaire ont créé de la surperformance mais aussi que cette surperformance ne s’est pas faite au prix d’une trop grande augmentation de la volatilité. Cela explique pourquoi certains fonds très volatils ont vu leur note baisser malgré leur surperformance.

Ce risque actif est calculé comme la différence entre la volatilité du fonds et la volatilité du portefeuille moyen le constituant déterminé par l'Analyse de Style du fonds.

Cette partie de la note n’est pas prise en compte pour toutes les catégories car elle n’est pas toujours pertinente. C'est le cas pour toutes les catégories où l'Analyse de Style n'est pas possible ou donne des résultats structurellement peu convaincants.

Tests et résultats des nouvelles notations

Nous avons bien évidemment testé pendant de nombreuses semaines cette nouvelle notation et nous l’avons comparée à la précédente.

Voici les résultats obtenus :

  • Fonds ayant perdu 4 étoiles : 0.27%
  • Fonds ayant perdu 3 étoiles : 0.98%
  • Fonds ayant perdu 2 étoiles : 3.17%
  • Fonds ayant perdu 1 étoile : 15.39%
  • Fonds n’ayant pas changé :   60.87%
  • Fonds ayant gagné 1 étoile : 16.71%
  • Fonds ayant gagné 2 étoiles : 2.02%
  • Fonds ayant gagné 3 étoiles : 0.37%
  • Fonds ayant gagné 4 étoiles : 0.23%

Comme nous le voyons la très grande majorité des fonds notés ont vu leur notation rester stable ou n’évoluer que d’un cran (92.97% des fonds).

Les autres changements plus impactants sont soit dus à la correction d’effets de bord comme expliqué ci-dessus, soit dus à l’intégration dans la note de l’active risk et de l’alpha baissier.

Une dernière précision, nous avons profité de la refonte de la notation pour noter deux typologies de produits qui ne l’étaient pas jusqu’à présent : les fonds à performance absolue et les FCPE.

Nous restons bien évidemment à votre disposition pour des explications plus détaillées et vous pouvez nous laisser vos questions et remarques sur le forum.

Jean Paul Raymond est associé fondateur, directeur du développement de Quantalys.