Les nouveautés du contrat Afer

Publié le 17/02/2012 - Jean Paul Raymond
Un arbitrage gratuit par an, une nouvelle unité de compte exposée à l'immobilier physique

Poids lourd de l'assurance vie en France, avec ses 735 000 adhérents et ses 45,5 milliards d'euros d'épargne gérée au 31 décembre 2012, l'association Afer vient d'apporter quelques améliorations à son contrat d'assurance vie multisupport.

Vous retrouverez ici notre analyse des résultats 2011 du fonds en euro et des unités de compte.

Gratuité d'un arbitrage par an

Robuste et très peu chargé en frais de gestion (0,475% par an, tant pour le fonds en euro que pour les unités de compte), le contrat facturait jusqu'à l'an dernier les arbitrages à hauteur de 0,2% du montant arbitré. Un montant en soi raisonnable, mais nombre de contrats similaires offraient la gratuité pour le premier arbitrage annuel et un nombre grandissant de contrats distribués sur internet sans intermédiaire offrent la gratuité pour tous les arbitrages.

Même si le profil des souscripteurs au contrat d'assurance vie Afer est vraisemblablement très différent de celui des souscripteurs d'assurance vie en ligne, il était temps de faire un geste pour les arbitrages.

C'est chose faite depuis le 1er janvier 2012, conformément au vote des adhérents lors de la dernière assemblée générale de l'association Afer : la première demande d'arbitrage reçue au cours d'une année civile est gratuite. Pour les arbitrages suivants, les frais sont de 0,2% du montant arbitré, avec un plafond de perception de 50 euros (plafond atteint pour un montant arbitré de 25 000 euros). Par ailleurs, les arbitrages programmés restent gratuits.

Nouvelle unité de compte axée sur l'immobilier

Afer continue d'enrichir son offre (limitée) d'unités de compte. Le dernier lancement était celui d'ID-Afer, un fonds prudent avec une approche socialement responsable.

La nouvelle unité de compte est à la fois plus convaincante qu'ID-Afer, qui n'a pas apporté pas grand chose au contrat (et ne pèse que 39,6 millions d'euros d'encours au 13 février 2012) et plus originale. Il s'agit en effet d'une SCI (société civile immobilière) à capital variable, Afer Immo.

Cette SCI a vocation à détenir un patrimoine immobilier composé principalement d'immeubles acquis en direct (70% de l'actif) et de titres (SCPI - sociétés civiles de placement immobilier - et OPCI - organismes de placement collectif immobilier, ainsi qu'actions de foncières cotées). Afer Immo détiendra également une poche de liquidités.

La gestion de ce nouveau produit sera assurée par Aviva Real Estate France, une filiale spécialisée dans l'immobilier du groupe Aviva, l'assureur du contrat.

Les investissements immobiliers ont vocation à être répartis comme suit : 50% de bureaux, 20% d'EHPAD ou autres (les EHPAD sont des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), 15% de commerces et 15% de logements.

Afer Immo limite les montants de souscription en déterminant un maximum annuel au plus tard le 31 mars de l'année en cours. Pour 2012, le montant maximum a d'ores et déjà été arrêté à 100 millions d'euros.

Afer Immo a une valorisation hebdomadaire. Les statuts de cette SCI sont accessibles ici.

Il est facile de comprendre pourquoi l'association a choisi d'introduire cette nouvelle unité de compte : les autres fonds sont moyens et ont souffert depuis quelques années de la très mauvaise tenue des marchés actions. D'autant plus que la conversion de nombreux contrats monosupports en multisupports grâce à l'amendement Fourgous s'est faite au plus mauvais moment et de nombreux assurés ont lâché la proie pour l'ombre, en sortant une partie de leurs avoirs du fonds en euro pour s'exposer au risque des unités de compte, risque qui n'a pas été rémunéré.

L'immobilier physique apparaît comme la seule classe d'actifs performante sur le long terme et s'inscrit parfaitement dans l'horizon de l'assurance vie. Il nous semble en revanche que cette classe d'actifs ne pourra rester éternellement immunisé contre la conjoncture économique, et qu'il existe un risque non négligeable de correction sur les prix de certains actifs. Le gérant devra donc être sélectif et les assurés auront tout intérêt à s'exposer graduellement à Afer Immo.

Et les marchés émergents ?

Nous comprenons la prudence de l'association Afer dans le choix des unités de compte, en ligne avec le positionnement rassurant utilisé depuis quelques années (l'éditorial de Gérard Bekerman, le président, dans la dernière lettre aux adhérents datée de janvier 2012 est titré "AFER...valeur refuge), mais il nous semble néanmoins fort étonnant de ne pas donner accès au potentiel des marchés émergents, par exemple par le biais d'un fonds flexible pouvant exposer sa poche actions à ces marchés à fort potentiel.

A mettre à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale ?

Jean Paul Raymond est associé fondateur, directeur du développement de Quantalys.