FMI : le pire est à venir ?

Publié le 17/10/2022 - Jean-François Bay
"Le pire est encore à venir" a déclaré le Chef économiste du Fonds monétaire international Pierre-Olivier Gourinchas. Lors de sa dernière conférence de presse organisée à Washington DC le 11 octobre dernier pour présenter les dernières perspectives de l'économie mondiale, le Chef économiste du FMI a lancé un sombre avertissement sur l'inflation mondiale, affirmant qu'elle devrait culminer à 9,5 % cette année et qu'elle restera élevée plus longtemps que prévu.

Lors de sa dernière conférence de presse, le Fonds monétaire international a averti que le monde était sur le point d'être malmené, avec plus d'un tiers de l'économie mondiale qui devrait se contracter cette année 2022 et pour 2023 en raison d'une crise du coût de la vie alimentée par l'inflation et exacerbée par des facteurs tels que la guerre de la Russie en Ukraine.



 

1. Pour la plupart des gens dans le monde, cela ressemblera à une récession en 2023
 
"Le pire est encore à venir", n’a pas hésité à déclarer l'économiste en chef du fonds, Pierre-Olivier Gourinchas, adressant un sombre avertissement sur l'inflation mondiale, affirmant qu'elle devrait culminer à 9,5 % cette année et qu'elle restera élevée plus longtemps que prévu.
 
Le monde connaît l'une des pires périodes de croissance économique des deux dernières décennies, dépassée uniquement par la crise financière mondiale de 2008 et le début de la pandémie de COVID de 2020, selon le rapport.
 
La croissance mondiale devrait fortement décélérer, passant de 6 % en 2021 à 3,2 % cette année 2022 et ralentir à nouveau l'année prochaine à seulement 2,7 %.
 
Notre zone euro connaitra selon le FMI une forte décélération en passant de +3.1% cette année à 0.5% l’année prochaine, avec des pays en récession comme l’Allemagne ou l’Italie. La France ressort avec un modeste +0.7% sur 2023 ! 
 

 
2. Food & Fuel : Les personnes et les pays à faible revenu seront les plus durement touchés
 
Le FMI a de grandes inquiétudes et il avertit que l'inflation frappera le plus durement les personnes et les pays à faible revenu. Par ailleurs, le changement climatique en période d'incertitude ne fera qu'ajouter des risques.
 
"Des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient saper l'approvisionnement alimentaire mondial, exerçant une pression supplémentaire à la hausse sur les prix des aliments qui constituent une grande partie de l'alimentation, avec des conséquences désastreuses pour les pays les plus pauvres du monde", écrit le FMI dans le rapport, qui consacre une section spéciale à les chocs des prix alimentaires.

 
3. Un impact durable loin d’être passager
 
Le FMI avertit que les répercussions ne seront pas seulement à court terme. De nombreux pays à faible revenu devraient connaître des difficultés économiques "pour les années à venir", en particulier ceux qui ne se sont pas complètement remis économiquement de la pandémie de COVID-19, ceux où les écoles ont été fermées pendant de plus longues périodes ou ceux en Europe qui ont été touchés par les conséquences de la guerre en Ukraine.
 
4. Une possible aggravation par rapport au scénario central
 
Le FMI affirme que les risques restent orientés à la hausse, ce qui signifie que les choses pourraient encore empirer par rapport aux prévisions de référence. Par exemple, l'année prochaine a des chances de voir la croissance s'effondrer en dessous de 2 % au niveau mondial (contre +2.7% dans le scénario central) un niveau historiquement bas qui serait une véritable cause d'inquiétude. Il y a une possibilité que ce soit encore pire.




De plus, les chocs alimentaires et énergétiques restent des risques sérieux, en particulier avec le renforcement du dollar américain, qui fait grimper l'inflation. La crise de l'énergie est susceptible d'avoir de graves ramifications, le FMI gardant un œil attentif sur l'Europe.

"L'hiver 2022 sera difficile, mais l'hiver 2023 sera probablement pire", a déclaré Pierre-Olivier Gourinchas.

Cliquez ici pour revoir la conférence de presse du FMI

Cliquez ici pour accéder au rapport

 

Sur Pierre-Olivier Gourinchas :

Pierre-Olivier Gourinchas est un économiste français. Depuis janvier 2022, il est Chef économiste du FMI en remplacement de Gita Gopinath. Il est aujourd'hui professeur à l'université de Californie à Berkeley. Pierre-Olivier Gourinchas est diplômé de l'École polytechnique (1990). Il est ensuite diplômé de l'Ecole des Ponts et Chaussées (1993) et obtient un DEA à l'EHESS en 1991. Il reçoit un PhD en Science économique du MIT (1996).

Jean-François Bay , Directeur Général, Développement international.